(Londres) Des affrontements ont éclaté samedi après-midi dans le centre de Londres entre la police et des manifestants liés à l’extrême droite affirmant vouloir « protéger » des monuments d’actes de vandalisme de la part de militants antiracisme.
Des milliers de manifestants, parmi lesquels des militants d’extrême droite, ont défié les interdictions de rassemblement liées à la pandémie de nouveau coronavirus pour se retrouver près du Parlement où la statue de l’ex-premier ministre Winston Churchill avait été dégradée en marge de manifestations contre le racisme le week-end dernier.
Des bouteilles d’eau et des cannettes ont été jetées contre les forces de l’ordre tandis que certains manifestants ont scandé « Angleterre ».
Retweetant une vidéo de manifestants prenant à partie la police à Londres, la ministre de l’Intérieur Priti Patel a dénoncé une « violence tout à fait inacceptable ».
Elle les a appelés à rentrer chez eux pour arrêter la propagation du nouveau coronavirus et « sauver des vies », alors que la maladie COVID-19 a déjà tué plus de 41 000 personnes dans le pays.
« Il est clair que des groupes d’extrême droite causent de la violence et des débordements dans le centre de Londres », a tweeté le maire travailliste de Londres Sadiq Khan, appelant à se « tenir à l’écart » des manifestations.
Bien que le mouvement Black Lives Matter ait annulé une manifestation prévue samedi après-midi dans le centre de la capitale, plusieurs centaines de militants antiracistes se sont rassemblées à Hyde Park avant de se diriger vers le centre-ville. La police britannique les a priés de se disperser à 16 h GMT (12 h, HE) pour éviter les risques d’affrontements avec des militants d’extrême droite.
L’association contre le racisme « Hope Not hate » avait prévenu que plusieurs groupes de supporters de clubs de soccer comptaient participer, ainsi que des membres de mouvements d’extrême droite comme Britain First.
« Absurde et honteux »
Ces contre-manifestants sont venus pour « monter la garde autour de nos monuments », a dit à l’agence de presse PA Paul Golding, à la tête de Britain First. « J’en ai vraiment marre que les autorités aient permis deux week-ends consécutifs des actes vandalisme contre nos monuments nationaux », en référence notamment à la statue de Winston Churchill.
L’inscription « était un raciste » avait été taguée sous le nom du dirigeant conservateur, accusé d’avoir tenu des propos racistes, notamment contre les Autochtones.
« Nous ne sommes pas racistes. Mais nous voulons défendre ce que Londres signifie pour tous […] et si (la statue) devait être enlevée, ce ne serait plus la même chose », a dit à l’AFP une manifestante, Victoria.
D’autres statues symbolisant le passé colonial du pays ont été prises pour cible dans le pays, dont celle du marchand d’esclaves Edward Colston qui a été déboulonnée à Bristol. A Londres, les statues de Nelson Mandela et de Gandhi, près du parlement, ont été protégées vendredi et celle de Winston Churchill a été mise à l’abri dans une boîte métallique.
Le petit-fils de Winston Churchill et ancien ministre conservateur, Nicholas Soames, a condamné les actes « lâches » des auteurs de dégradations mais il a jugé « extrêmement répugnante » l’idée que des militants d’extrême droite veuillent « monter la garde » autour de la statue, a-t-il dit samedi au quotidien The Telegraph.
La ministre de l’Intérieur a demandé que la statue de Churchill soit de nouveau visible. « Nous devrions libérer Churchill, un héros de notre nation qui a combattu le fascisme et le racisme dans ce pays et en Europe », a-t-elle dit au Daily Mail samedi.
Vendredi, le premier ministre Boris Johnson avait jugé « absurde et honteux » que le monument soit la cible d’attaques et jugé que des « extrémistes » avaient « pris en otage » les manifestations contre le racisme.
Ces propos ont suscité les critiques de députés d’opposition comme la libérale-démocrate Christine Jardine qui l’a accusé d’avoir « nourri les divisions et la peur » dans la population.
D’autres rassemblements contre le racisme ont eu lieu samedi dans le pays, comme à Brighton, sur la côte sud de l’Angleterre, et Liverpool (nord)