(Londres) Le prince Harry et son épouse Meghan vivent mardi leur dernier jour en tant que membres actifs de la famille royale britannique et se lancent, aux États-Unis et déjà dans la controverse, dans une nouvelle vie.

À peine la nouvelle de leur déménagement du Canada pour la Californie ébruitée, le président américain Donald Trump s’est empressé de faire savoir qu’il ne comptait pas financer leur protection. Et le quotidien conservateur The Times a dénoncé dans un éditorial vengeur leur indifférence au sort des Britanniques, durement touchés par la pandémie.

Harry, 35 ans, sixième dans l’ordre de succession au trône, et Meghan, 38 ans, cesseront mercredi d’être des membres actifs de la « firme », moins de trois mois après avoir bousculé l’institution en proclamant leur volonté d’indépendance.

Concrètement, ils ne pourront plus utiliser leurs titres d’Altesses royales ni représenter officiellement la reine. Ils seront libres de vivre loin d’un carcan royal qui leur pesait. Et de gagner de l’argent comme ils l’entendent grâce à leur statut de célébrités, sous la surveillance attentive de la famille royale et d’une presse méfiante qu’ils n’abusent de leur lien à la monarchie.

Dès lundi, le couple a dit au revoir aux 11 millions d’abonnés de leur compte @sussexroyal sur Instagram, conformément aux directives du Palais de ne plus exploiter l’adjectif « royal » : « Vous ne nous verrez peut-être plus ici, mais nos activités continuent ».

Après s’être un temps installé au Canada, le couple a déménagé la semaine dernière en Californie, où l’ex-actrice américaine dispose d’un carnet d’adresses et où vit sa mère Doria.

Selon la biographe royale Penny Junor, ce déménagement aux États-Unis n’est pas étonnant compte tenu du passé de Meghan, mais ouvre une période d’incertitude pour Harry, « un membre très spécial de la famille royale ».  

« Aux États-Unis, ils ne sont personne, ce sont de simples célébrités et les célébrités courent les rues », explique Mme Junor à l’AFP, soulignant que le couple avait toutefois « laissé la porte entrouverte » à un retour au sein du giron royal.

L’arrangement conclu avec la famille sera réexaminé dans un an.

« Ils doivent payer »

Le prince Harry a dénoncé à de multiples reprises la pression impitoyable des médias sur son couple, dont sa mère Lady Diana fut elle-même victime. Elle avait été tuée en 1997 dans un accident de voiture alors qu’elle était pourchassée par des paparazzi.

Les « Sussex » en ont fait la raison principale de leur mise en retrait, disant vouloir couler des jours paisibles aux côtés de leur fils Archie, qui fêtera son premier anniversaire en mai.

Leur mariage, en 2018, avait pourtant soulevé l’espoir d’une modernisation d’une monarchie souvent compassée, avec l’arrivée d’une nouvelle venue divorcée, métisse, Américaine et actrice.

Le calendrier de leur déménagement, au moment où les frontières se fermaient pour cause de pandémie, leur a attiré les foudres du Times, qui reproche au couple son manque de « tact » et de « solidarité lorsque le pays en a besoin ». Le quotidien leur reproche aussi leur installation à Los Angeles, au cœur de l’industrie du cinéma et du divertissement, « non pas à l’abri des projecteurs, mais bien en plein dedans ».

Puisqu’ils ne bénéficient plus de fonds publics, les deux trentenaires sont libres de nouer des contrats commerciaux et de monnayer leur statut de « people » et leur glamour.

Disney a révélé jeudi que la duchesse de Sussex avait prêté sa voix à un documentaire consacré à la vie d’une famille d’éléphants d’Afrique, dont la sortie est prévue vendredi.

Si Meghan a prêté sa voix au film de Disneynature en échange d’un don à une association de protection des éléphants, le Times y a vu une forme d’« hypocrisie » et une manière d’« exploiter le statut royal ».

Autre sujet de polémique : leurs frais de sécurité. « Les États-Unis ne paieront pas pour leur protection », a tweeté Donald Trump, « ils doivent payer ! » Une question qui avait déjà créé le malaise lors de leur séjour au Canada.  

Harry et Meghan ont cette fois assuré, via leur porte-parole, que « des arrangements de sécurité financés par des moyens privés ont été mis en place ».