(Madrid) L’Espagne a enregistré 769 morts de la COVID-19 en 24 heures, un nouveau record dans le pays qui y porte à 4858 le nombre total de personnes tuées par la pandémie, selon le dernier bilan officiel vendredi.

L’Espagne est le deuxième pays comptant le plus de morts dus à la pandémie derrière l’Italie, où le bilan s’est alourdi vendredi à 9134 morts.

Le nombre de cas confirmés en Espagne s’élève à 64 059, avec plus de 7800 nouveaux cas en 24 heures, ce qui marque toutefois un ralentissement de la progression (+14 % de jeudi à vendredi contre +18 % et +20 % les deux jours précédents).

Fernando Simon, directeur du Centre d’alertes sanitaires, a jugé ces chiffres « encourageants ». « Nous commençons à nous approcher du pic de contagion tant attendu », a-t-il répété, une formule prudente qui revient depuis plusieurs jours.

Même alors, a-t-il prévenu, la pression subsistera sur les hôpitaux « et va même augmenter pendant les trois, quatre ou cinq jours qui suivront » la baisse du nombre de personnes contaminées chaque jour.

Dans toute l’Espagne, 9357 patients ont été guéris de la COVID-19 mais plus de 4100 personnes sont toujours en soins intensifs, souvent totalement coupés de leur famille.

« Il y a des parents de malades qui ne peuvent venir leur rendre visite, qui ne peuvent pas communiquer avec eux. Nous ne sommes pas de pierre et bien sûr nous avons souvent du mal à assumer », a déclaré aux journalistes Luis Diaz Izquierdo, médecin dans un hôpital de Leganés, dans la banlieue sud de Madrid.

Le personnel soignant et les membres des forces de l’ordre sont particulièrement exposés au nouveau coronavirus. Des milliers d’entre eux ont été infectés, plusieurs ont succombé à la maladie, le dernier en date est un policier catalan. Et Madrid tente par tous les moyens de se procurer du matériel de protection, passant d’énormes commandes, surtout en Chine.

PHOTO GABRIEL BOUYS, AFP

Une affiche montrant différentes professions remercie « tous qui prenez soin de nous ».

Un appel à l’aide vers ses alliés de l’OTAN a reçu vendredi une première réponse. La République tchèque a annoncé, par un tweet de son représentant permanent Jakub Landovsky, l’envoi de 10 000 combinaisons de protection.

Interdiction de licencier

L’Espagne lutte aussi contre l’impact économique de la crise chez elle et à l’étranger. La ministre du Travail a signifié aux employeurs une interdiction de licencier, leur rappelant qu’ils pouvaient mettre leurs salariés temporairement au chômage, justement pour préserver l’emploi.

« On ne peut pas utiliser la COVID-19 pour licencier », a-t-elle annoncé dans une conférence de presse. La mesure entre en vigueur « aujourd’hui même ». « On ne peut pas licencier. Il n’est pas nécessaire de licencier qui que ce soit dans ce pays ».  

Demandant la solidarité de ses partenaires de l’Union européenne, le chef du gouvernement Pedro Sanchez les a exhortés à « ne pas échouer à nouveau » à l’égard des citoyens européens comme ils l’avaient fait pendant la crise économique et financière déclenchée en 2008.  

Dans cette situation d’urgence sanitaire, l’Union ne peut pas « tourner le dos à ses citoyens, jamais ils ne nous le pardonneraient », a déclaré la ministre espagnole des Finances Maria Jesus Montero.

L’Espagne, l’Italie, la France et six autres pays membres défendent la création d’un emprunt commun à toute la zone euro, alors que l’Allemagne et les Pays-Bas, s’y opposent catégoriquement, comme il y a 10 ans.

Les 27 ont échoué à s’entendre jeudi durant un sommet après lequel le premier ministre portugais Antonio Costa a accusé publiquement les Pays-Bas de « mesquinerie récurrente ». Ils se sont donné un délai de 15 jours pour convenir d’une réponse à la crise qui déferle sur le vieux continent.