(Londres) Le gouvernement britannique a demandé lundi au public d’éviter tout « contact social » et déplacement « non essentiel », en favorisant le télétravail et en cessant de fréquenter pubs et théâtres, pour limiter la propagation du nouveau coronavirus qui a désormais fait plus de 50 morts au Royaume-Uni.

« Le temps est venu pour tout le monde de mettre fin à tous les contacts sociaux non essentiels et de cesser tous les déplacements non essentiels », a déclaré au cours d’une conférence de presse le premier ministre Boris Johnson, critiqué jusqu’à présent pour la faiblesse de la réaction de son gouvernement face à la pandémie.

Il a précisé qu’il s’agissait d’une « forte recommandation », mais qu’il n’était « pas nécessaire » en l’état d’édicter des interdictions de rassemblement ou des fermetures de lieux publics, tout en décourageant leur fréquentation.

M. Johnson a également jugé qu’en l’état, le gouvernement ne considérait pas utile de fermer les écoles, ajoutant que cette décision pourrait être revue.

Il a aussi fait savoir qu’il serait « nécessaire […] de s’assurer que ceux à la santé la plus fragile soient largement protégés de tout contact social pendant douze semaines ».

Le gouvernement demande par ailleurs désormais à tout foyer dont un membre présente les symptômes de contamination, température élevée ou toux persistante, de se mettre en quarantaine pendant 14 jours à domicile.

La réponse du gouvernement britannique, qui tranche avec les mesures radicales prises dans les pays voisins européens, vise à alléger la pression sur les services de santé et à favoriser l’émergence d’une « immunité collective ». Elle a jusqu’ici été critiquée par des scientifiques qui la jugent trop timorée face à l’ampleur de la crise.

Le Royaume-Uni a enregistré en l’état 1543 cas positifs. 55 patients sont morts de la COVID-19, soit 18 de plus en une journée, selon le dernier bilan fourni lundi par le ministre de la Santé Matt Hancock.

Mais ce pays ne procède pas à des tests systématiques et le nombre des cas réels pourrait être bien plus élevé.

« Sans action drastique, le nombre des cas pourrait doubler tous les cinq ou six jours », a averti Boris Johnson.

Le chef des services sanitaires Chris Whitty a de son côté promis que des tests seraient progressivement effectués sur une plus grande échelle.

Lundi, l’Organisation mondiale de la Santé a appelé à effectuer « un test pour chaque cas suspect ».

Selon des documents révélés lundi par le Guardian, les services de santé britanniques estiment que jusqu’à 80 % des Britanniques pourraient être contaminés, conduisant à près de huit millions d’hospitalisations, et l’épidémie pourrait durer un an.

Ces documents « reflètent le scénario du pire, cela ne veut pas dire que c’est ce que nous attendons », a réagi un porte-parole du gouvernement.