(Paris) Les syndicats opposés à la réforme des retraites ont lancé jeudi un nouvel appel à mobilisation le 31 mars, à l’issue d’une nouvelle journée interprofessionnelle qui a peiné à rassembler les manifestants, en pleines vacances scolaires. Le ministère de l'Intérieur a compté 92 000 manifestants dans toute la France, contre 121 000 à la dernière journée de manifestation il y a deux semaines.

Le 5 décembre, ils étaient 806 000 selon le ministère de l'Intérieur (1,5 million selon le selon le syndicat Confédération générale du travail).

Lors de cette dixième journée interprofessionnelle d’actions jeudi, ils étaient 7800 à Paris selon les autorités policières (50 000 selon le syndicat), contre 15 000 le 6 février (130 000 selon le syndicat).

En régions, les préfectures ont compté 4500 manifestants à Lyon, 2700 à Toulouse, 2200 au Havre, 2000 à Clermont-Ferrand, 1750 à Nantes, 1500 à Rennes, 1200 à Montpellier, 550 à Brest ou encore 500 à Quimper et Béziers, à l’appel de l’intersyndicale et des organisations de jeunesse et étudiantes qui mènent la fronde depuis deux mois et demi.

Côté grève, le temps est à l’accalmie. Selon le gouvernement, le taux de grévistes était de 0,95 % dans la fonction publique d’État (0,06 % dans l’éducation), jeudi à la mi-journée.

Peu de perturbations notables dans les transports avec un trafic « normal » dans le métro de Paris et quasiment aucun impact à la Société nationale des chemines de fer, sauf dans un département dans l'Est (Auvergne-Rhône-Alpes).

« Ce pouvoir est en-dessous de tout, même de la ceinture »

Parmi les banderoles et pancartes brandies dans la capitale, on pouvait lire : « Battez en retraite ! », « Retraites à points, travail sans fin » ou encore « Ce pouvoir est en-dessous de tout, même de la ceinture ».  

Lâcher ? « Ah non, ce n’est pas à l’ordre du jour », a martelé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez dans le cortège parisien.  

PHOTO MARTIN BUREAU, AFP

Le secrétaire général du syndicat CGT Philippe Martinez (au centre), lors de la 10e manifestation contre la réforme des retraites, à Paris jeudi.

Alors que la discussion parlementaire a débuté lundi, « c’est grâce à la mobilisation qui dure depuis le 5 décembre qu’il y a un tel débat à l’Assemblée nationale », a fait valoir le leader de la CGT.  

À Toulouse, où défilait le numéro un de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, Nathalie Del Vecchio, enseignante-chercheuse de 43 ans qui manifestait pour la première fois, avec sa fille de 13 ans, juge « important que nos enfants prennent conscience qu’on a un très beau système, que tout le monde envie, mais que c’est fragile ».

On remet ça la semaine prochaine et dans deux semaines

À l’issue d’une réunion intersyndicale dans la soirée, les syndicats ont lancé un nouvel appel à une journée interprofessionnelle le 31 mars, « pour faire échec à ce projet ». D’ici là, ils invitent à « poursuivre les actions sans relâche, sous toutes les formes décidées localement ».  

De son côté, la CGT a annoncé dans un communiqué séparé une « grande journée d’action » le 27 février « afin de revendiquer l’arrêt de toutes les formes de répression syndicale et de discrimination ».

A Mulhouse, des avocats ont mis en vente leur robe sur le site de petites annonces « Le Bon Coin ». Fortement mobilisés contre la réforme instituant un régime de retraite universel, les avocats craignent que la disparition de leur régime autonome entraîne un doublement de leurs cotisations.

Pendant ce temps, à l'Assemblée nationale...

À l’Assemblée nationale où les députés doivent éplucher quelque 41 000 amendements à la loi, les discussions ont démarré lundi dans une ambiance électrique. Dès mercredi, l’examen a viré au blocage.

« Je crois que vous devriez ouvrir les yeux sur la réalité de cette contestation qui est profonde dans tout le pays, signe que votre réforme ne passe pas », a lancé au gouvernement le député communiste Pierre Dharréville.

Côté grève, le temps est à l’accalmie. Selon le gouvernement, le taux de grévistes était de 0,95 % dans la fonction publique d’État (0,06 % dans l’éducation), jeudi à la mi-journée.

Peu de perturbations notables dans les transports avec un trafic « normal » à la RATP et quasiment aucun impact à la SNCF, hormis en Auvergne-Rhône-Alpes.