(Paris) Les manifestants hostiles au projet de réforme des retraites battaient de nouveau le pavé samedi à travers la France pour cette 38e journée d’un conflit suspendu aux annonces promises par le gouvernement.

Quelques incidents ont éclaté à Paris peu après le départ du défilé, rejoint par plusieurs centaines de gilets jaunes, mobilisés depuis plus d’un an contre la politique du gouvernement, a constaté une journaliste de l’AFP.

Des manifestants, dont certains masqués ou cagoulés, ont brisé des vitrines sur le trajet du cortège reliant la place de la Nation à celle de la République, et jeté des projectiles en direction des forces de l’ordre, qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène.

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Plusieurs magasins ont été saccagés.

Plusieurs milliers de manifestants se sont élancés en début de l’après-midi derrière une banderole « Retraite à points, tous perdants ! Retraite à 60 ans, tous gagnants ! », et sous les drapeaux et les ballons des organisations syndicales en tête de la fronde : CGT, FO et FSU.

Philippe Martinez, le leader de la CGT, a redit devant la presse que son organisation n’avait « pas changé d’avis » après cinq semaines de conflit, et a fustigé un projet de loi que « personne ne comprend ».

D’autres manifestations avaient lieu partout en France. Cette journée de mobilisation est la deuxième de la semaine, après celle de jeudi qui a été émaillée de heurts violents. Quelque 452 000 manifestants ont été dénombrés jeudi, selon le ministère de l’Intérieur, dont 56 000 dans la capitale.

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Confronté à cinq semaines de grève contre son projet, le premier ministre Édouard Philippe s’est engagé vendredi au terme d’un nouveau marathon de négociations avec les partenaires sociaux à adresser samedi aux organisations syndicales et patronales « des propositions concrètes » qui pourraient former « la base d’un compromis ».

Le gouvernement est en particulier attendu sur sa volonté de fixer dans la loi un nouvel « âge pivot » qui doit progressivement inciter les Français à partir à 64 ans sous peine de se voir infliger un malus, chiffon rouge pour les syndicats.

Cette mesure est catégoriquement rejetée par la CFDT, premier syndicat de France, par ailleurs favorable au principe de la réforme d’un régime universel par points.

Mais un éventuel compromis sur ce point ne se traduirait pas forcément par l’arrêt immédiat des perturbations dans les transports car la CGT et FO réclament pour leur part le retrait pur et simple du projet.

Espérant des « manifestations massives » samedi partout en France, ces syndicats ont appelé à poursuivre le mouvement avec une journée de grève mardi prochain, et des « initiatives déclinées sous toutes les formes » mercredi et jeudi.