(Londres) À peine la bombe lâchée, Meghan a plié bagage. L’épouse du prince Harry est retournée au Canada, où le couple venait de passer les fêtes, sitôt annoncée leur décision de se mettre en retrait de la famille royale britannique.

Non consultée et selon la presse britannique attristée, la reine Élisabeth II, 93 ans, est intervenue jeudi pour tenter d’apaiser la tempête causée par le « Megxit ».

Elle a demandé aux membres de la famille de trouver dans les jours qui viennent une solution face à la volonté de son petit-fils, sixième dans l’ordre de sa succession, de gagner son « indépendance financière » et de vivre une partie de l’année en Amérique du Nord.

Mais pendant que les contacts se multipliaient entre les Windsor, l’ex-actrice américaine, qui n’avait pas caché ces derniers mois trouver peu de soutien autour d’elle pour surmonter la pression liée à sa nouvelle vie de princesse, n’a pas attendu.

« Je peux confirmer les informations selon lesquelles la duchesse de Sussex est au Canada », a déclaré vendredi une porte-parole du couple.

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Bébé Archie a accompagné ses parents lors de leur voyage en Afrique du Sud, en septembre.

Harry et Meghan venaient de rentrer de vacances prolongées au Canada, prises pour prendre du recul après avoir affiché leur malaise face aux critiques appuyées des tabloïds britanniques sur les supposés caprices de Meghan Markle et son luxueux train de vie.

Le duc et la duchesse de Sussex étaient réapparus publiquement au Royaume-Uni lundi pour une visite à la Maison du Canada à Londres.

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Selon le Daily Mail, Meghan a rejoint au Canada son fils Archie, âgé de huit mois, qui y était resté, laissant entendre que le couple n’avait pas prévu de rester au Royaume-Uni une fois faite son annonce, préparée en toute discrétion.

Il est question que le prince Harry les rejoigne rapidement, selon la même source, bien qu’il soit censé jeudi prochain présider le tirage au sort de la Coupe du Monde de rugby à XIII au palais de Buckingham.

Meghan a vécu au Canada lorsqu’elle jouait dans la série Suits.

Et une enquête parue dans le quotidien National Post fait apparaître que 61 % des Canadiens interrogés aimeraient que le prince Harry devienne le prochain gouverneur général de leur pays, c’est-à-dire le représentant d’Élisabeth II dans cette ex-colonie britannique.

Vendredi soir, le président américain Donald Trump, qui ne tarit pas d’éloges sur la reine, a semblé prendre le parti de cette dernière. « Je pense que c’est triste, vraiment », a-t-il déclaré, interrogé sur Fox News sur la crise qui secoue la famille royale. « J’ai juste tellement de respect pour la reine. C’est une femme extraordinaire. […]. Elle a eu un règne irréprochable. »

Marque déposée

L’annonce de la mise en retrait du duc et de la duchesse de Sussex, sans concertation avec le reste de la famille, a mis le Royaume-Uni en émoi et ouvre une nouvelle crise au sein de la monarchie.

Dans son allocution de Noël, la reine avait déjà jugé « semée d’embûches » l’année 2019, marquée notamment par la mise en retrait de son fils le prince Andrew en raison de ses liens avec le financier américain Jeffrey Epstein, accusé d’agressions sexuelles sur mineures et mort en prison en août.

Selon la presse, qui s’appuie sur des membres ou des proches de la famille royale, la journée de jeudi, après avoir commencé par la stupéfaction ou la fureur contre Harry et Meghan, a donné lieu à une série de coups de téléphone entre la reine, son fils Charles et son petit-fils aîné William pour les pousser à recoller les morceaux et arriver à une solution.

Les discussions dont Élisabeth II a pris l’initiative doivent déterminer le statut exact d’Harry et de Meghan, qui ont dit vouloir renoncer à leur allocation royale pour avoir le droit de gagner de l’argent. Cela ne devrait pas être difficile vu leur statut de célébrités modernes ayant rajeuni la monarchie.

Harry et Meghan ont fait déposer la marque « Sussex Royal », selon un avis publié en décembre par l’organisme britannique chargé de la propriété intellectuelle. Elle couvre des domaines très divers, de calendriers et de cartes postales à des vêtements en passant par des services de consultance ou des campagnes caritatives.

« Tout le projet d’Harry et de Meghan est très problématique », en raison du mélange public-privé, estime le commentateur royal Peter Hunt, interrogé par l’AFP. « Leur désir de faire de l’argent risque de nuire à la marque Windsor ».

Le prince Charles doit décider s’il continue de leur verser une partie de ses propres revenus, ce qui représente actuellement l’essentiel de leurs ressources. Ils ont par ailleurs dit vouloir garder leurs titres royaux, l’usage du cottage qu’ils occupent sur les terres du château de Windsor et la protection policière dont ils bénéficient, s’attirant des accusations d’égoïsme dans la presse.

Leur malaise n’était plus un mystère depuis un documentaire en octobre. Meghan Markle, qui a épousé Harry en 2018, y reconnaissait les larmes aux yeux avoir passé une année « difficile », rendue « vulnérable » par sa grossesse et la naissance en mai de son fils.  

Harry avait le même mois porté plainte contre des tabloïds. Il a dit craindre que sa femme ne connaisse le même sort que feue sa mère Diana, morte en 1997 dans un accident de voiture à Paris.