(Paris) Les Français qui veulent prendre le train pour le réveillon devront s’armer de patience : les grévistes mobilisés contre la réforme controversée des retraites veulent « maintenir la flamme » pendant les fêtes, tandis que le gouvernement doit annoncer lundi le calendrier des négociations.

Grève dans les transports, jour 19. Après un week-end de départ en vacances compliqué pour les voyageurs, l’opérateur du rail SNCF prévoit un trafic « toujours fortement perturbé » lundi. Seuls 40 % des trains à grande vitesse et trains express régionaux circuleront, 20 % des trains de banlieue, et un quart des trains de moyenne distance.

Dans la région parisienne, l’« amélioration » promise par l’exploitant des transports urbains RATP reste minime, avec toujours six lignes de métro sur 16 fermées, un fonctionnement normal seulement pour les deux lignes automatisées, et une circulation du réseau express régional (RER) cantonnée aux heures de pointe.  

Pour certains usagers, il sera au moins aussi difficile de se rendre à un réveillon qu’au travail. Mardi, veille de Noël, les trains de banlieue de la région parisienne s’arrêteront progressivement de circuler à partir de 18 h jusqu’à au moins mercredi après-midi, a prévenu dimanche la SNCF.

La suspension du mouvement n’est donc toujours pas au programme. N’en déplaise au président français Emmanuel Macron, sorti de son silence samedi depuis Abidjan, lors d’une visite en Côte d’Ivoire, pour rappeler aux grévistes qu’il est « bon de savoir faire trêve » et invoquer leur « esprit de responsabilité ».

Le nouveau « M. Retraites » du gouvernement, Laurent Pietraszewski, a appuyé le message dimanche. Il a estimé que les propositions mises sur la table à la SNCF et la RATP, concernant la progressivité du recul de l’âge de départ ou le niveau des pensions, devaient « permettre de reprendre le travail ».

PHOTO MARTIN BUREAU, AFP

Laurent Pietraszewski

Deux syndicats du secteur ferroviaire (CGT-Cheminots et SUD-Rail), qui prévoient notamment des « actions » le 28 décembre, ainsi que la branche du secteur du syndicat réformiste CFDT, ne sont pas de cet avis. Tout comme certains militants d’un autre syndicat, l’Unsa ferroviaire, malgré l’appel à la « pause » de leur bureau fédéral.

Concert à la gare d’Austerlitz à Paris, repas en gare ou rassemblement devant des mairies ou permanences du parti du président présidentiel LREM… « Tout un ensemble d’initiatives pour fêter Noël entre grévistes » sont prévues « lundi et mardi », a indiqué le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun, et d’autres seront « décidées lundi pour l’entre-deux-fêtes ».

Les cheminots peuvent compter sur le soutien d’une quarantaine de personnalités françaises, comme l’écrivain Edouard Louis ou l’ancien footballeur Vikash Dhorasoo.

« Discuter »

Ils ne sont pas la seule préoccupation du gouvernement, qui veut remplacer les 42 régimes de retraite existants par un « système universel » par points et exclut de revenir sur la « suppression des régimes spéciaux », comme l’a rappelé M. Pietraszewski.

Le nouveau secrétaire d’État aux Retraites du gouvernement doit présenter « lundi un programme et un calendrier de concertation », avec des réunions avec les partenaires sociaux début janvier, le projet étant attendu en conseil des ministres le 22.

À défaut de pouvoir satisfaire la CGT et FO, qui appellent à une mobilisation le 9 janvier, il faudra lâcher du lest à l’attention des syndicats favorables à la réforme, comme la CFTC et l’Unsa, et en particulier la CFDT.

Or M. Pietrasezwski écarte d’emblée certaines de leurs revendications, comme la prise en compte de certains facteurs de pénibilité, dont le port de charges lourdes. « Je lui réponds qu’on va en discuter », a commenté le négociateur Unsa, Dominique Corona, interrogé par l’AFP.

Ligne rouge pour les réformistes, l’âge d’équilibre à 64 ans assorti d’un bonus-malus, voulu par le gouvernement à l’horizon 2027 pour redresser les comptes sans augmenter les cotisations, sera un point crucial des débats.