Plus de trois ans après que le Royaume-Uni a choisi de quitter l’Europe, le divorce n’est toujours pas acté. Les Britanniques sont à nouveau appelés aux urnes jeudi prochain afin de dépêtrer une classe politique coincée dans un cul-de-sac. Et, avec un peu de chance, mettre fin au psychodrame.

Boris Johnson, blond premier

PHOTO HANNAH MCKAY, REUTERS

Le premier ministre sortant Boris Johnson a, selon les sondages, d’excellentes chances d’être reconduit dans ses fonctions. 

LONDRES — Scandale princier, attentat terroriste ou énième échauffourée sur le Brexit : rien ne semble faire bouger l’aiguille de l’élection britannique du 12 décembre, qui risque fort de reconduire le premier ministre Boris Johnson dans ses fonctions.

Le politicien a apparemment visé juste en promettant de mettre un point final au long psychodrame du divorce avec l’Union européenne, afin de s’attaquer aux autres problèmes auxquels fait face le pays.

« La vraie question, actuellement, est de savoir si nous allons avoir un gouvernement conservateur majoritaire ou un Parlement dans lequel aucun parti n’a la majorité », a expliqué Chris Curtis, de la firme de sondages YouGov, en entrevue avec La Presse.

Selon YouGov, les troupes de Boris Johnson ont 11 points d’avance sur celles de Jeremy Corbyn, un écart qui s’est globalement maintenu tout au long de la campagne. Les autres maisons de sondages détectent la même tendance. « Pour l’instant, tout indique que les conservateurs l’emporteront, mais ce n’est pas impossible que les travaillistes puissent rétrécir l’espace qui les sépare d’eux », a dit le sondeur.

Cette élection devait constituer le chant du cygne pour les grands partis traditionnels, complètement dépassés aux dernières élections européennes par de petites formations politiques avec des positions très claires sur le Brexit : le très pressé Brexit Party et le Parti libéral-démocrate pro-européen avaient fait le plein de votes.

« Mais en fait, ce sont les deux partis principaux qui ont réussi à prendre les votes des plus petits partis », s’est étonné M. Curtis.

Débat sur l’attentat

Peut-être parce qu’il jouit d’une avance confortable, Boris Johnson n’a pas hésité à sauter dans la mêlée après l’attentat au London Bridge de la semaine dernière, faisant prendre un tournant sécuritaire à la campagne.

PHOTO HENRY NICHOLLS, REUTERS

Des fleurs et des messages rendant hommage aux deux victimes de l’attentat survenu sur le London Bridge le 29 novembre

Ses condoléances étaient à peine formulées qu’il lançait déjà le débat politique autour de la réhabilitation des terroristes et de leur libération avant la fin de leur peine.

Le jour même de l’attaque – au cours de laquelle le terroriste Usman Khan a poignardé à mort deux victimes avant d’être maîtrisé puis abattu par la police –, le premier ministre a adopté la ligne dure : cet homme n’aurait jamais dû se retrouver en liberté. Il avait été condamné en 2012 pour son rôle dans un complot visant à faire exploser la Bourse britannique.

« Il y a un problème avec le fait que certains criminels soient automatiquement libérés de prison avant la fin de leur peine. Je pense que ce n’est pas correct que ceux qui ont commis des crimes sexuels, des crimes violents ou des infractions liées au terrorisme puissent ainsi sortir de prison », a ajouté Boris Johnson dimanche, au surlendemain de l’attaque, dans une émission politique de la BBC.

Jeremy Corbyn, qui n’a rien à gagner d’un débat sur la loi et l’ordre, s’est fait plus discret au sujet de l’attentat. Il a tout de même souligné que le processus démocratique devait aller de l’avant, que le pays ne devait pas se laisser intimider par le terrorisme.

Englué dans les controverses

Par ailleurs, le chef travailliste semble être incapable de se sortir des controverses dans lesquelles il est empêtré, face à un Boris Johnson sur lequel les débats épineux glissent comme l’eau sur le dos d’un canard – l’échevelé premier ministre est après tout le politicien le plus populaire au pays.

Dans les deux dernières semaines, un débat au long cours sur le présumé antisémitisme au sein du Labour a refait surface. Diverses déclarations discutables de députés ou de candidats – en plus du militantisme propalestinien de longue date du chef Jeremy Corbyn – sont brandies par les organisations représentatives de la communauté juive pour appuyer ces reproches.

Dans une lettre ouverte publiée dans le prestigieux Times, le grand rabbin du Royaume-Uni a dénoncé ce « poison enraciné » au sein de la formation politique parce qu’« approuvé au sommet ». « L’âme de notre nation est en jeu » si les travaillistes étaient portés au pouvoir, a ajouté Ephraim Mirvis.

Mardi, Jeremy Corbyn s’est finalement excusé en entrevue télévisée pour ces problèmes au sein de son parti. Mais ce débat qui persiste depuis des années montre bien que le leadership du chef de l’opposition est contesté au sein même de sa formation politique. M. Corbyn est issu de son aile gauche, en rupture importante avec le tournant de centre gauche emprunté par le parti depuis les mandats de Tony Blair.

Et il n’est pas contesté qu’à l’interne. Sa popularité au sein de la population est en baisse importante, tirant son parti vers le fond.

Nous pensons que [la] position nébuleuse [de Jeremy Corbyn] sur le Brexit peut avoir éloigné des électeurs.

Chris Curtis, de la firme de sondages YouGov

S’il est élu, M. Corbyn promet de négocier un nouvel accord de sortie avec l’Union européenne, puis de réorganiser un référendum sur le Brexit au cours duquel il demeurera neutre. Le tout suppose plusieurs mois supplémentaires d’incertitude.

Ajoutez à cela un mouvement de fond de désertion des classes populaires, et le Labour se retrouve dans une position difficile. « C’est un phénomène que l’on voit depuis presque deux décennies : les travaillistes perdent des appuis dans les circonscriptions ouvrières, a continué M. Curtis. Cette fois, il semble qu’ils vont remporter des votes au sein de la classe moyenne supérieure. Mais ils vont perdre beaucoup, notamment dans des anciennes villes minières et des régions traditionnellement considérées comme ouvrières. »

Électeurs de Sa Majesté

PHOTO ANDREW TESTA, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Les ressortissants de certains pays du Commonwealth résidant au Royaume-Uni peuvent voter afin de choisir les membres de la Chambre des communes, au même titre que les Britanniques.

CAMBRIDGE — Voter ? Moi ? Ici ? À chaque élection britannique, des Canadiens installés au Royaume-Uni ont la surprise d’apprendre qu’en tant que sujets de Sa Majesté, ils pourront eux aussi glisser un bulletin de vote dans l’urne pour former son gouvernement.

Des règles héritées des heures de gloire de l’Empire permettent aux ressortissants de certains pays du Commonwealth de choisir les membres de la Chambre des communes même s’ils ne passent que quelques mois ici – en échange étudiant ou pour un travail d’été, par exemple.

PHOTO PHILIPPE TEISCEIRA-LESSARD, LA PRESSE

Bruno Gélinas-Faucher étudie le droit international à l’Université de Cambridge. 

Bruno Gélinas-Faucher, un Québécois qui étudie le droit international à l’Université de Cambridge depuis un peu plus de deux ans, se prépare à exercer son droit de vote.

« C’est un Australien qui m’en a informé. Il faisait son doctorat ici et il avait voté », a-t-il expliqué en entrevue dans un café, tout près du collège dont il fait partie. « Il y a aussi une communauté de Canadiens sur l’internet dont certains font la promotion du vote. »

L’enseignante montréalaise Marie Paulin a suivi son conjoint au Royaume-Uni en août 2017 et y réside depuis.

« J’ai l’intention de voter », a-t-elle affirmé cette semaine, ajoutant qu’elle avait découvert que les règles le lui permettaient en recevant sa fiche d’électrice, il y a quelques semaines. « Ça m’a étonnée évidemment, je ne m’attendais pas à ça. C’est un peu difficile à comprendre, il faut s’informer. »

Jusqu’en 1947, la citoyenneté canadienne n’existait pas sur le plan légal – les Canadiens étaient des sujets britanniques au même titre que les Londoniens. Chaque pays a changé ses lois depuis, mais le Royaume-Uni a cru bon de conserver des privilèges pour les citoyens d’une grande partie de ses ex-colonies. En plus du droit de vote, le Royaume-Uni fournit une assistance consulaire aux voyageurs du Commonwealth coincés dans un pays sans ambassade de leur pays : un Canadien peut ainsi voyager avec un passeport britannique d’urgence s’il perd le sien dans une telle situation.

Les centaines de milliers de ressortissants européens installés depuis des années au Royaume-Uni – arrivés grâce aux règles qui facilitent la mobilité à l’intérieur de l’Union – sont moins chanceux. Ils peuvent voter aux scrutins municipaux, mais pas aux élections générales, ni aux référendums. Ils sont pourtant en première ligne des personnes touchées par le Brexit.

Électeurs informés

Bruno Gélinas-Faucher et Marie Paulin n’ont pas le syndrome de l’imposteur en prenant part au scrutin d’un pays dont ils ne sont pas citoyens. Les deux Québécois votent en toute connaissance de cause.

« Je suis l’actualité britannique de façon assidue. Je suis une personne qui s’intéresse beaucoup à la politique : je lis l’actualité britannique, je suis allé assister à des débats au parlement », a expliqué le premier.

« Ça m’intéresse beaucoup, mais je suis la campagne de loin, a dit la seconde. Je suis allée sur un site internet de vote stratégique et, pour bloquer le Brexit, ils me suggéraient de voter Labour [travaillistes]. C’est la députée qui est déjà en poste. » Tant mieux, parce que Mme Paulin voulait appuyer un parti de gauche. « C’est terriblement néolibéral ici. Je travaille dans des écoles : les conditions de travail et le sous-financement, c’est choquant », a-t-elle dit.

M. Gélinas-Faucher, lui, vote « pour contribuer au processus démocratique », mais fait son choix « par conviction personnelle ».

C’est un choix démocratique des Anglais, personne ne leur a imposé ça. Ce sont eux qui ont décidé que les gens du Commonwealth pouvaient faire une contribution positive, alors je vote par responsabilité démocratique.

Bruno Gélinas-Faucher, Québécois étudiant le droit international à l’Université de Cambridge

Le Canada rendait la pareille aux Anglais jusqu’en 1975, date à laquelle les citoyens du Commonwealth installés au pays ont perdu le droit de s’exprimer aux urnes. Ce système a toutefois survécu dans certaines provinces. En Nouvelle-Écosse, les sujets de la Couronne britannique, même sans nationalité canadienne, ont eu le droit d’envoyer des députés à l’Assemblée législative de Halifax jusqu’en 2006.

L’Écosse comme clé de voûte

PHOTO KIERAN DODDS, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

La première ministre d’Écosse Nicola Sturgeon prend un égoportrait avec des partisans, lors d’un évènement caritatif à Glasgow, le 25 novembre.

ÉDIMBOURG — L’Écosse ne compte que 59 sièges au Parlement britannique. Mais une vague nationaliste pourrait jouer sur l’issue d’élections dominées, ici aussi, par le thème du Brexit…

Si les sondages prévoient que les conservateurs de Boris Johnson remporteront leur pari aux élections britanniques du 12 décembre, une question demeure : arriveront-ils à former un gouvernement majoritaire ? Tout indique que la réponse viendra de l’Écosse, où les indépendantistes ont le vent dans les voiles.

A priori, la région ne pèse pas lourd sur la carte électorale britannique, puisqu’elle ne représente que 59 des 650 sièges que compte le Parlement de Westminster. Mais un vote massif pour le Parti national écossais (SNP) pourrait faire la différence lors de ces élections.

Certains prédisent plus de 50 sièges à la formation indépendantiste, qui se pose en pourfendeuse du Brexit et comme la seule capable de défendre les intérêts des Écossais… qui, rappelons-le, ont voté à 62 % contre une sortie de l’Union européenne.

Si le SNP parvient à reprendre la dizaine de sièges que lui avaient ravis les conservateurs en 2017, il pourrait priver Boris Johnson de la majorité dont il a besoin pour conclure le Brexit.

De ce côté, la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, ne laisse aucun doute sur la bataille à mener. Dans un discours particulièrement virulent présenté à Glasgow la semaine dernière, la cheffe du SNP a attaqué de front Boris Johnson, traitant le chef conservateur de « dangereux » et « inapte » à gouverner le pays et qualifiant son accord pour le Brexit de « désastreux ».

Insistant sur les conséquences redoutées d’un divorce avec l’Union européenne, elle a appelé les électeurs à soutenir son parti, favorable à un nouveau vote sur la sortie de l’UE.

« Un vote pour le SNP est un vote pour échapper au Brexit, c’est un vote pour mettre l’avenir de l’Écosse dans les mains de l’Écosse et c’est un vote pour priver le Parti conservateur de Boris Johnson d’une majorité », a-t-elle lancé devant une pancarte affichant « Stop Brexit ».

Tout sauf Boris Johnson

Les conservateurs (Tories) n’ont jamais été très populaires en Écosse, où on leur a longtemps préféré les travaillistes (Labour), puis le SNP, tous deux plus à gauche.

Mais c’est encore plus vrai depuis que la formation de droite est perçue comme responsable du chaos entourant le Brexit.

Cette hostilité était particulièrement évidente mardi soir, à l’église presbytérienne de Polwarth, quartier bourgeois d’Édimbourg. Lors d’une rencontre de citoyens tenue en présence des six candidats de la circonscription, le représentant conservateur a été de loin le plus chahuté, notamment lors de son plaidoyer sur les avantages du Brexit.

Assise à côté de nous, Katryn, excédée, n’en finissait plus de soupirer : « Je suis indécise, mais je sais pour qui je ne vais pas voter ! »

Cette hostilité est aussi beaucoup plus évidente depuis que Boris Johnson est à la tête des Tories. Ce fils de bonne famille, éduqué à Eton, incarnation d’une élite londonienne arrogante, ne passe tout simplement pas en Écosse. Au point où nombre d’électeurs conservateurs écossais envisagent de tourner le dos au parti, quitte à renier leurs convictions unionistes.

Je rencontre des conservateurs qui ne sont pas indépendantistes, mais qui veulent voter pour moi, tout simplement parce qu’ils n’aiment pas Boris Johnson.

Joanna Cherry, candidate vedette du SNP

De là à parler d’une formalité le jour du vote, il y a un pas que la politicienne refuse de franchir. « Ce sera un gros défi », dit-elle, admettant que les Tories ne céderont pas si facilement leurs sièges.

Il faut savoir qu’en Écosse, rien n’est totalement noir ou blanc.

On estime ainsi que 25 % des électeurs indépendantistes ont voté pour le Brexit, pour des raisons économiques ou idéologiques. Voudront-ils donner leur voix au SNP, qui aspire à la souveraineté, ou aux conservateurs qui souhaitent le Brexit ?

Voilà l’une des multiples contradictions auxquelles font face les Écossais qui, contrairement aux autres nations constituantes du Royaume-Uni, sont écartelés entre deux questions constitutionnelles d’égale importance.

Projet d’indépendance

Pour Joanna Cherry, rencontrée au terme de la réunion avec les citoyens, il ne fait aucun doute que les Écossais « auront surtout le Brexit en tête » une fois dans l’isoloir.

Mais le SNP ne perd pas pour autant de vue sa première raison d’être : l’indépendance.

La cheffe du parti Nicola Sturgeon a laissé entendre qu’elle pourrait organiser un second référendum dès 2020, si le Brexit se concrétise.

Mais pour Alisa Henderson, de l’Université d’Édimbourg, cela pourrait prendre un peu plus de temps.

« Le SNP sait que les chiffres en faveur de l’indépendance n’ont pas tellement bougé [autour de 45 % depuis la défaite du Oui au référendum de 2014]. Tant que le parti ne sait pas quelle forme prendra le Brexit, je serais surprise qu’il propose un nouveau référendum pour l’indépendance avant les élections écossaises de 2021. »

Selon la politologue, il est plus probable que le parti nationaliste profitera d’abord de sa forte présence à Westminster pour peser dans les futures négociations commerciales entre l’UE et le Royaume-Uni. Ce faisant, il cherchera certainement à obtenir les mêmes privilèges que l’Irlande du Nord – qui, rappelons-le, devrait garder un pied dans l’Union européenne en raison de son problème de frontière.

Pour organiser son référendum, Nicola Sturgeon a par ailleurs besoin du feu vert du gouvernement britannique.

Le leader travailliste Jeremy Corbyn se dit ouvert à collaborer avec le SNP le cas échéant, mais le chef conservateur Boris Johnson a pour sa part complètement fermé la porte à cette option, rappelant que les Écossais avaient fait leur choix en 2014 et qu’il fallait maintenant laisser « passer une génération ».

En ce sens, l’élection d’un gouvernement majoritaire conservateur, le 12 décembre, serait sans doute plus favorable au mouvement indépendantiste, qui pourrait, plus que jamais, dénoncer le contrôle de Londres sur les affaires écossaises. D’où la contradiction : en pariant sur l’élection d’un gouvernement conservateur minoritaire, qui aurait moins de poids, le SNP dessert sa propre cause.

— Avec l’Agence France-Presse

Lord Buckethead et d’autres candidats déjantés

PHOTO GEOFF CADDICK, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

En 2017, alors qu'il affrontait notamment Theresa May (à gauche), Lord Buckethead était arrivé en septième position, récoltant un maigre… 249 votes.

Tête de seau, face de poubelle et Brexit « al dente » : au Royaume-Uni, la tradition des candidats loufoques se poursuit.

Boris Johnson a souvent été traité de clown par ses adversaires. Ce dernier ne rechigne d’ailleurs jamais à faire le pitre devant les caméras. Mais pour ces élections, le premier ministre sortant devra faire face à plus bouffon que lui dans sa propre circonscription.

Trois candidats complètement déjantés se trouvent ainsi parmi les 11 adversaires de Johnson dans Uxbridge (ouest de Londres).

L’un d’entre eux, Lord Buckethead, est bien connu puisqu’il se présente aux élections britanniques depuis 1987. Son look de Darth Vader trash (seau sur la tête, mauvais costume de justicier du futur) ne semble toutefois pas impressionner grand monde. Adversaire de Theresa May en 2017, il était arrivé en 7e position, récoltant un maigre… 249 votes.

Fera-t-il mieux pour ce scrutin ? Il se présente, en tous les cas, comme le « plus grand espoir pour l’avenir de l’humanité ». Gros programme. Mais on pourrait quand même lui préférer « face de poubelle » (Comte Binface, dit le « guerrier intergalactique ») ou encore Yace Yogenstein, seigneur autoproclamé du « temps interplanétaire », qui ont l’avantage d’incarner la nouveauté.

Cette forte concentration humoristique témoigne d’un sarcasme certain à l’endroit du clivant « BoJo » – dont le siège serait par ailleurs réellement menacé par le candidat travailliste Ali Milani.

Mais elle ne se limite pas à la circonscription d’Uxbridge. Au contraire.

Sérieux ou pas

Ailleurs au Royaume-Uni, candidats décalés et partis champ gauche se multiplient pour ces élections. Certains sont d’authentiques rigolos, d’autres font sourire malgré eux.

Dans la catégorie « sérieuse », soulignons la branche britannique du mouvement Touch Love, dont le programme repose essentiellement sur les vertus de L’AMOUR comme ressource naturelle et liant de la société.

> Consultez le site web de Touch Love (en anglais)

Peace man, mais peut-être un peu trop idéaliste. On lui préférera le Psychedelic Future Party, qui souhaite supprimer toute aide financière britannique aux pays qui punissent l’homosexualité, ou encore le parti Yeshua qui souhaite implanter une politique basée sur « des solutions bibliques » tirées des 10 Commandements. Ouf…

> Consultez la page Facebook du Psychedelic Future Party (en anglais)

> Consultez le site web du parti Yeshua (en anglais)

À tout prendre, pourquoi ne pas plutôt opter pour d’authentiques comiques ? De ce côté, vous avez le choix entre l’Église de l’Elvis militant ou le Space Navies Party, qui dit puiser une partie de son inspiration dans la série de science-fiction Thunderbirds.

> Consultez le site de l'Église de l'Elvis militant (en anglais)

> Consultez la page Facebook du Space Navies Party (en anglais)

Mais la palme revient toujours au Monster Raving Loony Party, version exubérante de notre parti Rhinocéros, qui incarne le dadaïsme politique depuis le début des années 80.

La formation, qui présente cette année une vingtaine de candidats « flyés », propose notamment l’adoption d’un Brexit « al dente », c’est-à-dire entre « soft » et « hard ».

Des idées farfelues deviennent réalité

PHOTO TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS

Le chanteur de rock Screaming Lord Sutch (chapeau haut de forme), de son vrai nom David Edward Sutch, a été candidat plus de 40 fois entre 1963 et 1999.

L’excentricité fait depuis longtemps partie de la tradition politique en Grande-Bretagne.

Le chanteur de rock Screaming Lord Sutch, version musicale de Jack l’Éventreur, a notamment été candidat plus de 40 fois entre 1963 et 1999, concourant notamment contre Margaret Thatcher.

Lord Sutch a fondé le Monster Raving Loony Party en 1983. En dépit de sa nature satirique, qui met en exergue les absurdités de la politique britannique, la formation a néanmoins contribué à donner naissance à certains projets très sérieux. Ainsi, ses propositions de doter les animaux de compagnie de passeports, d’autoriser la consommation d’alcool à toute heure ou encore de piétonniser Carnaby Street, au cœur de Londres, sont devenues réalité.