(Rome) Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé samedi à Rome pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles et dire « stop » aux féminicides à l’appel de l’association féministe « Non Una Di Meno » (Pas une de moins).

Le cortège, composé majoritairement des femmes, a sillonné pendant l’après-midi les rues du centre historique de la capitale derrière une banderole où était inscrit : « Contre votre violence, nous sommes la révolte ».

La manifestation était organisée pour la 4e année consécutive à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes qui aura lieu lundi.

« Nous sommes le cri féroce et puissant de toutes ces femmes qui n’ont plus de voix », pouvait-t-on lire sur l’un des écriteaux brandis par des manifestants.

La couleur rose prédominait au sein du cortège où les drapeaux de partis politiques ou de syndicats étaient absents, à la demande des organisateurs.

Depuis un camion diffusant de la musique ont aussi été égrenés les noms des victimes de féminicides cette année en Italie. Selon « Non Una Di Meno », 94 femmes ont été tuées depuis janvier (elles avaient été 142 en 2018).  

PHOTO ANDREAS SOLARO, AGENCE FRANCE-PRESSE

Au cours des cinq dernières années, 538 000 femmes ont été victimes d’abus physiques ou sexuels de la part de leur partenaire, selon l’Institut italien de la statistique.

« Partout dans le monde, les femmes se révoltent contre la violence patriarcale, raciste, institutionnelle, environnementale et économique », déplore « Non Una Di Meno ».  

Le mouvement rappelle que toutes les 72 heures en Italie, une femme est tuée par une personne de sa connaissance, généralement son partenaire, que trois féminicides sur quatre ont lieu à domicile et que 63 % des viols sont commis par un partenaire ou un ancien partenaire.

« La violence n’a ni passeport ni classe sociale, mais a souvent les clés de la maison et se retrouve aussi au sein des tribunaux et des institutions », assure « Non Una Di Noi » qui milite pour la création de centres d’accueil et de lutte « contre les violences féministes et transféministes ».  

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À 16 h 30 (10 h 30, HE), les manifestants se sont assis sur le sol et sont restés silencieux quelques minutes en mémoire des femmes qui ne peuvent plus parler parce qu’elles ont succombé aux coups d’un homme.

Le ministre italien de l’Économie Roberto Gualtieri a annoncé samedi qu’un décret ministériel débloquant douze millions d’euros en faveur des orphelins des féminicides entrerait en vigueur lundi.

« L’argent ne rend pas le manque d’affection, mais avec douze millions, nous allons financer des bourses d’études, des frais médicaux, de formation et d’insertion professionnelle », a-t-il déclaré sur Twitter.