(Mirepoix-sur-Tarn) Un camion d’un poids total de plus de 50 tonnes, soit plus du double autorisé, est la cause apparente de l’effondrement lundi d’un pont suspendu qui a fait deux morts dans le sud-ouest de la France, a indiqué mardi le procureur.

«Le fait que ce véhicule lourd ait emprunté ce pont […] semble être, en l’état des investigations, la cause immédiate et apparente de l’accident», a déclaré Dominique Alzeari lors d’une conférence de presse, précisant que ce poids-lourd qui transportait une foreuse pesait «plus de 50 tonnes».  

La signalisation du pont de Mirepoix-sur-Tarn, construit en 1931, «mentionne expressément qu’un seul camion peut l’emprunter à la fois et que sa capacité formelle d’utilisation se limite à 19 tonnes. C’est affiché tel quel», a ajouté le procureur.  

Mardi matin, le maire de cette commune, Eric Oget, avait estimé le poids du camion et de son chargement «à plus de 40 tonnes» : «C’était un camion de gabarit hors normes, le pont a craqué».

«Coups de klaxon»

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L’accident a eu lieu lundi, peu avant 8h locales, dans cette commune au nord de Toulouse.

Un camion avec remorque qui transportait la foreuse, s’est engagé sur le pont « malgré les appels de phares et les coups de klaxon » du conducteur d’un deuxième camion de la même entreprise qui le suivait, selon le procureur.

«C’est au moment où (il) a été sur le pont qu’il a provoqué certainement (son) effondrement immédiat et total», entraînant avec lui la chute d’une voiture où se trouvaient une mère et sa fille. L’adolescente de 15 ans ainsi que le chauffeur du camion sont morts par noyade malgré les efforts de plusieurs témoins pour leur venir en secours.  La mère de l’adolescente est «blessée et traumatisée».

L’enquête a été ouverte pour «homicides et blessures involontaires» mais «les responsabilités ne seront examinées que beaucoup plus tard», a souligné le magistrat.  

Le conducteur du camion était le gérant d’une entreprise de forage située à quelques centaines de mètres du pont.

L’ouvrage avait été inspecté en 2017, et avait fait l’objet d’une visite de contrôle en décembre 2018. La piste d’un non-respect des procédures de surveillance avait été écartée dès lundi par le Conseil départemental.  

L’enquête se poursuit

Les enquêteurs poursuivaient mardi leurs investigations, en exploitant notamment les images prises par les plongeurs qui sont intervenus après le drame. Des gendarmes, équipés de lasers et de drones préparaient une modélisation en 3D.  

L’épave de la voiture était en cours de relèvement mardi après-midi mais pour la carcasse du camion et son chargement, cela pourrait prendre beaucoup plus de temps. Le chantier sera compliqué par le dénivelé de 19 mètres entre la surface de l’eau et la chaussée sur la berge.

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Le gouvernement a indiqué être prêt à prendre des mesures-notamment en renforçant la signalisation-en fonction des résultats de l’enquête.

L’État «aidera au cas par cas» les communes à remettre en état des ponts qui en auraient besoin, a en outre déclaré la secrétaire d’État à la Transition écologique Emmanuelle Wargon.

Une mission d’information parlementaire mise en place après l’effondrement du viaduc autoroutier de Gênes, en Italie, qui avait fait 43 morts en août 2018, avait en effet conclu qu’au moins 25 000 ponts français étaient «en mauvais état structurel», et appelé à un «plan Marshall» pour les remettre en état.

Le drame survenu lundi «illustre malheureusement» les conclusions de cette mission, à savoir qu’il y a «une vraie dangerosité de l’état de nos ponts», avait déclaré lundi le sénateur centriste Hervé Maurey qui l’avait dirigée.