(Washington) Des responsables du département d’État américain ont été informés que le président ukrainien Volodymyr Zelensky ressentait la pression exercée par l’administration Trump pour enquêter sur Joe Biden, et ce même avant l’appel téléphonique de juillet qui a conduit aux audiences de destitution à Washington.

Au début mai, des responsables de l’ambassade américaine à Kiev — dont l’ambassadrice de l’époque, Marie Yovanovitch — ont été informés que M. Zelensky cherchait des conseils sur la manière de gérer la situation difficile dans laquelle il se trouvait, ont déclaré ces deux sources à l’Associated Press.

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Marie Yovanovitch

Le président ukrainien craignait que Donald Trump et ses associés le pressent de prendre des mesures qui pourraient affecter la course à la présidence américaine de 2020, ont-elles ajouté sous le couvert de l’anonymat, en raison de la sensibilité diplomatique et politique de la question.

Des représentants du département d’État à Kiev et à Washington ont été informés au moins trois fois des préoccupations de M. Zelensky, ont indiqué les deux sources. Des notes résumant ses inquiétudes ont été distribuées au sein du département, ont-elles dit.

Les notes montrent que les responsables américains savaient très tôt que M. Zelensky se sentait obligé d’enquêter sur M. Biden, bien que le dirigeant ukrainien l’ait ensuite nié lors d’une conférence de presse commune avec M. Trump en septembre.

L’allégation principale dans l’enquête de destitution est que M. Trump, par l’intermédiaire de ses alliés, a demandé à l’Ukraine de lancer une enquête qui lui serait profitable politiquement en échange d’un soutien militaire et stratégique crucial.

Des témoins ont expliqué, dans des dépositions à huis clos et des audiences de destitution, que les proches de M. Trump ont demandé à l’Ukraine d’ouvrir une enquête sur M. Biden et son fils, en même temps qu’ils retenaient une aide militaire à l’Ukraine et une réunion convoitée par M. Zelensky avec M. Trump.

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Joe Biden et son fils Hunter en janvier 2010.

Le mois dernier, l’Associated Press avait fait état d’une rencontre, le 7 mai, entre M. Zelensky et deux principaux collaborateurs, ainsi qu’Andriy Kobolyev, le chef de la société nationale de gaz naturel Naftogaz, et Amos Hochstein, un Américain siégeant au conseil de surveillance de la société ukrainienne.

Le bureau de M. Zelensky n’a pas répondu aux demandes de commentaires concernant la réunion du 7 mai.

Des notes distribuées au sein du département d’État indiquent que M. Zelensky a tenté de masquer le véritable objectif de sa réunion du 7 mai — à savoir, de parler de problèmes politiques avec la Maison-Blanche — en affirmant qu’il s’agissait d’énergie, ont déclaré les deux personnes au courant du dossier.