(Berlin) Neuf membres présumés du groupe État islamique (EI) détenus en Turquie devraient être expulsés d’ici à vendredi vers l’Allemagne sans être placés en détention, n’étant pas visés par des mandats d’arrêt, a-t-on annoncé mercredi de sources sécuritaires.

Il s’agit d’un homme ayant la double nationalité irakienne et allemande et de six membres de sa famille, originaire de Basse-Saxe, ainsi que de deux épouses de combattants de l’EI, ont précisé ces sources. Ces personnes devraient être expulsées de Turquie et rentrer en Allemagne jeudi ou vendredi.

Le chef de la famille de sept personnes, connu des services allemands pour son appartenance au salafisme, est soupçonné d’avoir tenté de gagner la Syrie au printemps 2019.

Ils ont été arrêtés en Turquie et sont depuis détenus à la prison d’Izmir. Pour les autorités allemandes cependant, rien ne prouve qu’il ou sa famille soient membres de l’EI.

Les deux femmes, a priori expulsées vendredi, étaient détenues dans un camp syrien de prisonniers, dont elles s’étaient évadées, avant d’être interpellées par les autorités turques.

Ces deux femmes devraient être interrogées à leur arrivée, puis surveillées, mais de tels dispositifs sont coûteux, relève-t-on de même source.

L’une d’elles, Heida R., 26 ans, originaire de Basse-Saxe, a affirmé s’être rendue en Syrie en 2014 avec son mari, un combattant allemand de l’EI, tué par la suite au combat.  

Elle avait indiqué dans une interview télévisée s’attendre à être arrêtée à son retour en Allemagne. Mais elle n’est pas elle non plus, faute de moyens, visée par un mandat d’arrêt, bien qu’une enquête soit ouverte en Allemagne pour appartenance ou soutien à une organisation terroriste.

La situation est similaire concernant la deuxième femme attendue vendredi en Allemagne, Nasim A., originaire de Hesse, dont les enquêteurs ne savent pas à ce stade quel rôle elle a pu jouer au sein de l’EI.

Deux autres femmes devraient à leur tour être expulsées dans les prochaines semaines par la Turquie, selon ces sources, qui assurent que dans ces deux cas aussi, une enquête est en cours mais sans émission de mandat d’arrêt.

AFP

Christine Lambrecht

La ministre fédérale de la Justice, Christine Lambrecht (SPD), se veut rassurante. «Si la détention ne peut pas encore être ordonnée, les personnes peuvent faire l’objet d’une surveillance intensive ou porter un bracelet électronique», a-t-elle expliqué à la Neue Osnabrücker Zeitung.

Ces retours prochains de membres présumés de l’EI alarment toutefois les partis au pouvoir comme ceux de l’opposition qui accusent le gouvernement d’Angela Merkel de ne pas être préparé à ces retours.

Selon Armin Schuster, spécialiste des questions de sécurité au parti conservateur CDU, environ un tiers de la centaine d’Allemands encore en Syrie sont identifiés comme des éléments dangereux.

Il y aurait, selon lui, une dizaine d’Allemands détenus en Turquie et susceptible d’être expulsés.

Dans six régions - Bavière, Berlin, Hesse, Hambourg, Basse-Saxe et Rhénanie-du-Nord-Westphalie - des «coordinateurs des retours» sont censés s’occuper des membres de l’EI et de leurs familles, notamment de leur déradicalisation.