(Londres) Le prince Harry et son épouse Meghan se sont épanchés dans un documentaire à propos des difficultés de leur vie sous les projecteurs des tabloïds, au risque selon la presse britannique de fragiliser la famille royale.

Deux semaines après avoir lancé une offensive judiciaire contre les tabloïds, le duc et la duchesse de Sussex se sont longuement confiés dans un film tourné lors de leur récente visite en Afrique australe et diffusé par la chaîne ITV dimanche soir.

Meghan Markle, qui a épousé Harry en 2018, a reconnu les larmes aux yeux avoir passé une année « difficile », alors qu’elle était rendue « vulnérable » par sa grossesse et la naissance en mai de son fils Archie. « Pas grand monde n’a demandé comment j’allais », a-t-elle relevé.

« Quand j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari […] mes amis britanniques m’ont dit : “je suis sûr qu’il est génial, mais tu ne devrais pas le faire (l’épouser) parce que les tabloïds britanniques détruiront ta vie” », a-t-elle raconté.

Dans un premier temps, les tabloïds avaient salué l’arrivée de l’actrice américaine métisse comme un souffle d’air frais pour la famille royale. Ils n’ont pas tardé à se retourner contre elle avec des articles au vitriol, critiquant son comportement, après une série de démissions au sein du personnel de la maison royale, et l’affublant du sobriquet de « duchesse capricieuse » (Duchess Difficult).

La presse à scandales s’est également emparée des fissures apparaissant entre Harry et son grand frère William, deuxième dans l’ordre de succession à la reine Elizabeth, alimentées par une supposée mésentente de leurs épouses.

« La famille étant sous la pression qu’elle subit, inévitablement, des choses se passent », a reconnu dans le documentaire le prince, âgé de 35 ans. « Nous sommes certainement sur des chemins différents en ce moment, mais je serai toujours là pour lui, tout comme je sais qu’il sera toujours là pour moi » a-t-il dit à propos de son ainé, reconnaissant « des bons et des mauvais jours ».

Après avoir déménagé du palais de Kensington, où ils vivaient avec William et Kate, Harry et Meghan ont rompu en juin avec la fondation où les deux couples oeuvraient ensemble, alimentant les spéculations sur un éloignement des deux fils du prince Charles et de Lady Di.

« Le respect se mérite »

Face aux critiques, le prince a déposé début octobre une série de plaintes, contre le Daily Mail et The Sun, les accusant de violer sa vie privée. Harry avait alors publié un communiqué disant craindre que « l’histoire se répète » : « j’ai perdu ma mère et maintenant je vois ma femme devenir la victime des mêmes forces puissantes ».

Poursuivie par des paparazzi à moto, « Lady Di » est décédée le 31 août 1997 dans un accident de voiture à Paris.

Le réalisateur du documentaire, Tom Bradby, a raconté dans le Times avoir rencontré un couple « meurtri, un peu sur la défensive », semblant « parfois totalement débordé » par la pression.

En s’épanchant sur les difficultés de la vie publique lors d’un voyage en Afrique où il a été confronté à une population vivant des situations bien plus dramatiques, mais aussi au moment où le Royaume-Uni se déchire sur le Brexit, le couple royal s’est attiré des critiques acerbes de la presse.

« Si la vie royale est si insupportable et intolérable, peut être que (le prince) devrait renoncer à ses fonctions », a commenté Jan Moir dans le Daily Mail. « Ils doivent apprendre que le respect se mérite et ne s’exige pas. De tels documentaires aggravent plus qu’ils ne servent leur cause ».

Dans le quotidien conservateur Daily Telegraph, Camilla Tominey a estimé que 2019 commençait « à ressembler à une annus horribilis » pour la famille royale, déjà confrontée au Brexit, comparant le documentaire sur ITV à un entretien-choc donné par Diana à la BBC en 1995 dans laquelle elle accusait son mari d’infidélité. « La duchesse semble non seulement adresser ses attaques aux tabloïds, mais aussi à la Firme qu’elle a épousée ».