(La Presse au Royaume-Uni) La Cour suprême du Royaume-Uni a annulé la prorogation du parlement britannique demandée par Boris Johnson, infligeant un revers brutal au premier ministre.

Les 11 juges du plus puissant tribunal du pays ont déterminé à l’unanimité que le chef du gouvernement avait utilisé un faux prétexte pour renvoyer les députés chez eux au plus fort de la crise du Brexit.

« La décision de demander à Sa Majesté de proroger le parlement était illégale parce qu’elle a eu l’effet de l’empêcher d’accomplir ses fonctions constitutionnelles sans motif valable », a écrit la cour. « L’effet [de la prorogation] sur la démocratie a été extrême. »

La décision a pour effet d’annuler la recommandation formelle du gouvernement à la Reine et donc d’annuler sa décision de suspendre les travaux du parlement. « Le parlement n’est pas prorogé », a conclu la cour.

Le premier ministre Johnson se trouve à New York aujourd’hui. En entrevue avec des médias britanniques, il s'est dit déçu du jugement, avec lequel il est «profondément en désaccord», tout en assurant qu'il allait «le respecter».

«Nous allons nous atteler à la tâche et concrétiser le Brexit d'ici le 31 octobre prochain», a-t-il dit. «Il y a beaucoup de personnes qui veulent stopper le Brexit, qui veulent empêcher ce pays de quitter l'Union européenne. [...] Nous travaillons à obtenir une bonne entente, mais c'est certain que ce jugement ne facilite pas les choses.»

Déjà, les principaux partis d'opposition à Westminster demandent la tête de Boris Johnson. « Il devrait réfléchir à sa situation et à la possibilité de devenir le premier ministre avec le plus court mandat de l’histoire », a lancé le chef travailliste Jeremy Corbyn dans un discours prononcé devant ses militants. Les libéraux-démocrates et les nationalistes écossais ont aussi demandé sa tête. 

Le président de la Chambre des communes, John Bercow, a affirmé que les parlementaires reprendraient le travail dès demain avant-midi. 

La décision de la Cour suprême du Royaume-Uni a tranché une contradiction entre les décisions des plus hauts tribunaux d’Angleterre et d’Écosse. Le premier avait refusé de se prononcer sur le fond de l’affaire, alors que le second avait jugé la prorogation illégale.

Boris Johnson est devenu premier ministre en prenant la tête du Parti conservateur, le 24 juillet dernier.