(Moscou) Des centaines de manifestants ont défilé samedi dans le calme à Moscou pour protester contre les « répressions politiques », dernière action en date d’un important mouvement de contestation qui secoue la capitale une semaine avant des élections locales controversées.

Des manifestations ont eu lieu quasiment chaque week-end à Moscou depuis la mi-juillet pour protester contre l’éviction des candidats de l’opposition de l’élection du Parlement de Moscou, prévue pour le 8 septembre. Non autorisées, la plupart des actions ont été sévèrement réprimées par la police.

La marche de samedi, organisée à l’appel du principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, récemment relâché de prison mais qui n’était pas présent, s’est, elle, déroulée sans accrochage avec la police. Présents en nombre, les policiers n’avaient procédé à aucune arrestation en fin d’après-midi.

La marche, à laquelle ont pris part environ 750 personnes selon la police, a traversé de grands boulevards du centre. Les manifestants ont tenu des pancartes appelant à la libération des « prisonniers politiques » arrêtés lors des actions précédentes et ont scandé « C’est notre ville ! ».

« Je n’aime pas ce qui se passe dans notre pays : la répression, les arrestations, les faibles salaires, les faibles retraites », a expliqué à l’AFP Iaroslava, une jeune manifestante.

« Les autorités ont provoqué elles-mêmes les manifestations car elles ne nous ont pas laissé le choix. Je veux pouvoir élire qui je veux et non pas celui qu’on essaye de me faire élire », a déclaré pour sa part Alexandre Troubine, 58 ans.

Présente à la marche, l’opposante Lioubov Sobol, alliée d’Alexeï Navalny, a assuré qu’elle « se battrait jusqu’au bout » pour parvenir à la défaite des candidats du pouvoir aux élections.  

« Je veux que les droits des Moscovites soient respectés », a ajouté la jeune avocate, qui a été aspergée de boue jeudi près de son domicile.

Un groupe de jeunes femmes présentes à la marche a également déployé une banderole rose contre les violences domestiques.

Le mouvement de contestation, le plus important depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin en 2012, a donné lieu à près de 2700 arrestations et à l’ouverture de plusieurs procès pour « troubles massifs » et « violences à l’encontre des forces de l’ordre ».

La plupart des meneurs de l’opposition ont enchaîné les courtes peines de prison pour leurs appels à manifester, à l’exemple d’Ilia Iachine, emprisonné pour la cinquième fois consécutive mercredi.

L’organisation de M. Navalny, le Fonds de lutte contre la corruption, est de son côté visée par une enquête pour « blanchiment ».

Le mouvement de contestation a débuté après le rejet, officiellement pour des vices de forme, de l’enregistrement d’une soixantaine de candidats indépendants à l’élection du Parlement de Moscou. Chargée de valider le budget faramineux de la capitale, cette instance est actuellement composée de fidèles du maire pro-Kremlin, Sergueï Sobianine.

Ce scrutin et les autres élections régionales et locales qui se tiendront parallèlement s’annoncent difficiles pour les candidats du pouvoir, dans un contexte de grogne sociale et de stagnation économique.