(Tbilissi) La Géorgie a dit craindre vendredi une « grave confrontation » avec sa région séparatiste d’Ossétie du Sud, de facto contrôlée par la Russie, sur fond de tensions liées à un point de contrôle le long de la ligne de démarcation.

Le ministère géorgien des Affaires étrangères a dit avoir observé une « mobilisation d’équipements militaires et de soldats » près du village de Chorchana, où Tbilissi a installé un point de contrôle dont le démantèlement est réclamé par les responsables d’Ossétie du Sud.

La porte-parole du ministère Mari Narchemachvili a estimé auprès de l’AFP que la situation risquait de « dégénérer en grave confrontation militaire », comme ce fut le cas au moment du conflit éclair qui a opposé la Russie à la Géorgie à l’été 2008, déjà pour le contrôle de cette petite région.

Évoquant le démantèlement de ce point de contrôle, le représentant des séparatistes Egor Kotchiev a menacé : « Si cela n’est pas fait, nous prendrons toutes les mesures légales pour assurer la sécurité de la population de l’Ossétie du Sud et de notre frontière », a-t-il dit à la télévision.

Les services de sécurité des séparatistes, cités par les agences de presse russes, ont affirmé que le point de contrôle se trouvait près du village d’Ouista, situé sur le territoire sous leur contrôle et appelé Tsnelissi en géorgien. Ils ont ajouté qu’une « opération humanitaire » était en cours sur place, sans donner plus de détails.

Anatoli Bibilov, le président de l’Ossétie du Sud, a ensuite ordonné vendredi la mise en place d’un poste de contrôle près de Tsnelissi. « J’espère que la Géorgie […] fera tout pour mettre fin à l’instabilité causée par ses actions illégales », a dit M. Bibilov, cité par les médias russes, ajoutant qu’une « solution passant par l’usage de la force n’était vraiment pas souhaitable ».  

Dans un communiqué, le département d’État américain a de son côté appelé à « éviter l’escalade ».

Le ministère russe des Affaires étrangères, tout en appelant « à la retenue », a lui accusé vendredi Tbilissi d’avoir « attisé délibérément les tensions ces derniers mois à la frontière avec des provocations et des campagnes de propagande soutenues par l’Occident ».

Une réunion entre autorités géorgiennes et sud-ossètes a eu lieu jeudi sous médiation européenne, mais a donné lieu à des « échanges intenses » avant d’être « interrompue », selon l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

La Russie et la Géorgie s’opposent de longue date sur les ambitions de cette ex-république soviétique du Caucase de rejoindre l’Union européenne et l’OTAN, une éventualité considérée par Moscou comme un empiétement dangereux sur sa zone d’influence.

À l’été 2008, ces tensions se sont transformées en conflit ouvert lorsque l’armée russe est intervenue sur le territoire géorgien pour voler au secours de la petite Ossétie du Sud, où Tbilissi avait déclenché une opération militaire meurtrière.

En cinq jours, les forces russes ont mis l’armée géorgienne en déroute et menacé de prendre la capitale avant qu’un accord de paix négocié par le président français Nicolas Sarkozy ne soit signé.

À la suite de cette guerre, Moscou a reconnu l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, une autre région séparatiste géorgienne, et y maintient depuis une forte présence militaire.