(Pristina) Les élections législatives anticipées auront lieu le 6 octobre au Kosovo, a annoncé lundi la présidence kosovare, quatre jours après la dissolution du Parlement par les élus en raison de la démission du premier ministre soupçonné de crimes de guerre par la justice internationale.

« Le Président de la République du Kosovo, Hashim Thaçi, a décidé aujourd’hui de convoquer des élections législatives anticipées […] pour le dimanche 6 octobre », indique un communiqué de la présidence.

Les députés kosovars ont voté jeudi la dissolution de l’Assemblée en raison de l’impossibilité de former une nouvelle majorité gouvernementale après la démission en juillet du premier ministre Ramush Haradinaj.

PHOTO MICHAELD CORDER, ARCHIVES ASSOCIATED PRES

L'ancien président du Kosovo Ramush Haradinaj a été questionné au tribunal de La Haye, le 24 juillet.

Ancien commandant de la guérilla kosovare pendant le conflit de 1998-99 contre les forces serbes, M. Haradinaj, 51 ans, a annoncé sa démission après avoir été convoqué par un tribunal international qui le soupçonne de crimes de guerre.

Ce tribunal a été mis en place en 2015 à La Haye pour enquêter sur des crimes présumés commis par la guérilla albanaise (UCK) au Kosovo.

Ramush Haradinaj a déjà été acquitté deux fois par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), en 2008 et 2012.

La guerre du Kosovo a fait plus de 13 000 morts — plus de 11 000 Kosovars albanais, 2000 Serbes et quelques centaines de Roms.

Ces législatives anticipées pourraient, selon des analystes, agiter la scène politique kosovare au moment où le dialogue avec la Serbie est dans l’impasse.

« Le statu quo pas viable »

Ce dialogue entre le Kosovo et la Serbie, qui refuse de reconnaître l’indépendance proclamée en 2008 de son ancienne province, a été entamé en 2011 avec la médiation de l’Union européenne.

À peine repris l’été dernier, il avait tourné court quand la Serbie avait fait obstruction en novembre à la candidature du Kosovo à Interpol. Le Kosovo a répliqué en imposant des droits de douane de 100 % sur les produits importés de Serbie.

À la mi-août, plusieurs pays européens et les États-Unis ont exhorté Belgrade et Pristina à reprendre « d’urgence » leur dialogue, affirmant que « le statu quo […] n’est simplement pas viable ».

Dans cet appel, cosigné par les États-Unis, la France, l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne, le Kosovo est invité à suspendre la taxation des produits serbes et la Serbie à mettre fin à « la campagne de non-reconnaissance contre le Kosovo ».

Ramush Haradinaj a été intransigeant quant au maintien des taxes.

Dimanche soir, le ministre des Affaires étrangères serbe Ivica Dacic a affirmé à la télévision privée Pink que le Togo était « le 15e pays » à revenir sur sa reconnaissance de l’indépendance du Kosovo.

Il a expliqué que l’objectif de Belgrade était de faire tomber en dessous de 97 le nombre de pays qui ont reconnu la souveraineté kosovare, à savoir en dessous de la moitié des pays membres de l’ONU.

Le Kosovo a contesté certaines de ces annonces par Belgrade. Son indépendance a été reconnue à ce jour par quelque 110 pays, dont les États-Unis et la plupart des pays membres de l’Union européenne.

Le ministère des Affaires étrangères kosovar a dénoncé lundi « une campagne diplomatique et de propagande inédite de la Serbie […] visant à empêcher l’intégration du Kosovo dans la communauté internationale ».