(Athènes) Le pétrolier iranien Adrian Darya, soupçonné de transporter du brut en Syrie et dont les États-Unis souhaitent l’arraisonnement, est « trop grand » pour entrer dans un port grec, a estimé mercredi le ministre adjoint grec des Affaires étrangères, Miltiadis Varvitsiotis.

« Le pétrolier de type VLCC (very large crude carrier, NDLR), transportant 130 000 tonnes de pétrole et ayant indiqué Kalamata comme destination, est trop grand pour jeter l’ancre dans un port grec », a déclaré M. Varvitsiotis, chargé des Affaires européennes, dans un entretien avec la chaîne de télévision privée grecque ANT1.

« S’il entre dans les eaux grecques, il ne peut jeter l’ancre qu’au large et, à ce moment-là, nous examinerons » la situation, a-t-il expliqué.

Athènes « ne souhaite en aucun cas faciliter le transport du pétrole en Syrie », a insisté le ministre, soulignant que les autorités grecques avaient « subi des pressions » des États-Unis. « Il y a eu des messages précis de la part des autorités américaines », qui souhaitent que le pétrolier soit à nouveau arraisonné.

Le ministre a évoqué l’importance de « la sécurité dans la mer d’Oman et le détroit d’Ormuz », reliant le golfe d’Oman et le golfe Persique, où « de nombreux bateaux grecs transportent du brut ».

Les armateurs grecs sont propriétaires de la plus grosse flotte commerciale mondiale.  

Immobilisé depuis le 4 juillet au large de Gibraltar, ce navire avait levé l’ancre dimanche à destination de Kalamata, situé dans le sud de la péninsule du Péloponnèse, à 250 km d’Athènes. Selon le site internet de suivi Maritime Traffic, il se trouvait mercredi au large d’Oran (Algérie), naviguant très lentement, à une vitesse de 7,5 nœuds.

« S’il ne change pas d’itinéraire », ce qui reste possible selon le ministre grec, il n’arrivera à Kalamata que d’ici lundi 26 août, selon des médias.

A la suite d’une « décision judiciaire » la semaine dernière, le pétrolier a été autorisé à repartir de Gibraltar « car il n’y avait pas d’indices de violation de la réglementation européenne sur le transport du pétrole iranien », a expliqué Miltiadis Varvitsiotis.

Mardi, les autorités grecques ont dit ne pas avoir reçu pour le moment de « demande officielle » de la part du pétrolier de jeter l’ancre à Kalamata.

L’affaire suscite des inquiétudes en Grèce, certains médias la qualifiant de « crash-test » pour le gouvernement de droite de Kyriakos Mitsotakis, constitué il y a moins de deux mois.  

Le nouveau ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias s’est déjà rendu à Washington après les législatives du 7 juillet et son homologue américain est attendu à Athènes à l’automne, selon Miltiadis Varvitsiotis.  

« Les États-Unis ont décidé d’exercer une politique très dure vis-à-vis de l’Iran, une politique très différente de l’UE et cela préoccupe et affecte les relations entre les deux partenaires et amis traditionnels », a-t-il estimé.

Gibraltar avait arraisonné le pétrolier, soupçonné de transporter du pétrole vers la Syrie, en application des sanctions européennes contre ce pays. Il a été autorisé jeudi à repartir quand Téhéran a assuré que la cargaison ne serait pas livrée à la Syrie.

Mais Washington souhaite que le pétrolier soit à nouveau arraisonné, une éventualité qui aurait de « graves conséquences » selon Téhéran.