(Londres) Aussi célèbre que son caractère excentrique, la chevelure blond platine savamment décoiffée de Boris Johnson l’a aidé à forger la personnalité politique qui le conduit mercredi jusqu’au 10, Downing Street.

«Balai jaune paille», «fouettée par le vent», sa coiffure est devenue sa marque de fabrique aussi sûrement que ses gaffes et ses excès, à une époque où la communication compte autant, voire plus, que les idées.

Pour ses soutiens, sa chevelure reflète sa personnalité et sa manière de penser non conventionnelle qu’ils considèrent comme un antidote à l’establishment politique.

Pour ses critiques, elle trahit un tempérament de bouffon inadéquat pour assumer les plus hautes fonctions publiques et fait du Royaume-Uni la risée de ses alliés.

La comparaison n’a pas manqué d’être faite avec le président Trump, dont les mèches platines font partie du personnage, et qui comme lui a été porté au pouvoir par une vague populiste.

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Des photos de Boris Johnson enfant le montrent arborant déjà une tignasse blond paille.

À l’université, dans les années 1980, il abandonne la raie sur le côté pour une coiffure répondant à la mode hirsute de l’époque.

Et plus sa carrière politique décolle, plus son style capillaire aussi, avec des mèches longues sur le haut et courtes à l’arrière, ce qui lui vaut le surnom de «moine médiéval» de la part du magazine Marie Claire, tandis que l’animateur de late night David Letterman lui demande depuis combien de temps il se coupe lui-même les cheveux.

«Talisman de son ego»

Devenu maire de Londres, son style botte de foin prend de l’ampleur, reconnaissable entre tous.

L’historien Greg Jenner estime qu’en tant qu’édile de la capitale britannique, il a usé de ses cheveux comme d’une «marque emblématique».

Boris Johnson, le champion du Brexit, n’est pas parvenu à devenir premier ministre au lendemain du référendum de juin 2016 mais la coupe nette qu’il a arborée en janvier a relancé les conjectures sur sa volonté de se remettre dans la course face au gouvernement vacillant de Theresa May.

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«Je l’ai vu délibérément mettre [ses cheveux] en désordre avant un discours», affirme Greg Jenner.

Le coiffeur Nick Mazer, qui l’a réalisée, affirme que le résultat était un accident, déclarant au tabloïd Sun que Boris Johnson lui avait dit : «Ne me changez pas».

«J’étais un peu nerveux et ai coupé plus court que je n’aurais dû», a-t-il ajouté, soulignant qu’«il a gardé cette coupe plus courte depuis et cela lui va bien mieux que sa crinière sauvage habituelle».

Mais tout le monde n’est pas impressionné.

«Les cheveux de Johnson, c’est un peu comme le talisman de son ego, je peux comprendre pourquoi les gens le raillent», estime M. Jenner.

Boris Johnson nie se faire teindre sa chevelure pour lui conserver son éclat jaune paille comme il avait déclaré le faire dans une interview en 2016, affirmant qu’il plaisantait.

«C’est une suggestion insultante», a-t-il déclaré pendant la campagne en vue de devenir premier ministre.