(Paris) Enfin un peu plus de frais dimanche, ou en tout cas moins de chaud, après une semaine de canicule ? C’est ce que peuvent espérer les départements du nord-ouest au lendemain d’une nouvelle journée suffocante pour une partie de la France, notamment la région parisienne.

« Dimanche, on attend une évolution favorable qui va donner un net rafraîchissement par le nord-ouest du pays. Cette accalmie au niveau de la canicule permettra donc de sortir de nombreuses régions de la vigilance canicule, sur l’ouest ainsi que la moitié nord du pays », a souligné Météo France samedi à 16 h.

La vigilance orange a d’ailleurs été levée dès samedi après-midi pour quatre départements de l’ouest, la Charente, la Dordogne, la Loire-Atlantique et la Vendée. Elle concernait 75 départements samedi soir.  

Signe qu’un pic a été franchi, Météo France avait auparavant mis fin à l’alerte rouge instaurée dans quatre départements (Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault et Vaucluse).

« Il faudra attendre jusqu’à mardi pour voir l’ensemble du pays retrouver des températures moins élevées, mais qui devraient rester au-dessus des normales de saison sur la moitié sud », ajoute Météo France.

En attendant, « les températures seront encore très élevées dans la nuit de samedi à dimanche », a prévenu Météo France.

Le mercure s’était envolé vendredi, avec un record absolu enregistré à Gallargues-le-Montueux (Gard), 45,9 °C vers 16 h. Il pulvérise le précédent record de 44,1 °C enregistré dans le même département, en août 2003 lorsque la canicule avait fait 15 000 morts.

PHOTO JOSE JORDAN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Cette plage de Valencia a littéralement été envahie en cette journée de canicule.

Hyperthermie mortelle

Samedi, des touristes faisaient des égoportraits devant la pancarte d’entrée de la ville du record.

« C’est un lieu historique ! », assure Gudrun Helder, venue en vacances dans la région depuis le nord de l’Allemagne. « En fait, ça fait vraiment peur », dit la trentenaire, qui n’a « pas dormi de la nuit, avec des difficultés à respirer et des douleurs dans les jambes ».

Ces chaleurs extrêmes ont sans doute coûté la vie à un octogénaire et un ouvrier de 37 ans jeudi à Cernay (Haut-Rhin).  

Entre vendredi matin et samedi midi, six personnes ont été hospitalisées en état d’hyperthermie dans le Vaucluse. L’une d’entre elles est décédée, et une autre avait un « pronostic vital engagé », selon la préfecture.

Dans l’Ariège, une enquête a été ouverte après la mort d’un homme de 53 ans samedi matin au cours d’une épreuve cycliste qui n’avait pas été annulée malgré la canicule.

« Il n’y a pas à ce jour d’afflux massif vers les services d’urgence, ni de signal d’excès de mortalité », a indiqué la Direction générale de la santé (DGS) samedi soir. Toutefois, dans une canicule, l’excès de mortalité arrive toujours après l’événement, et « le bilan définitif ne sera disponible que fin juillet ».

Par ailleurs, la DGS a mis en garde contre les risques de noyade liés à l’envie de se baigner pour se rafraîchir : il y a eu au moins huit cas en France samedi, dont cinq décès.

PHOTO GIUSEPPE LAMI, ASSOCIATED PRESS

Un prêtre se rafraîchit dans la fontaine du Vatican, le 29 juin.

Samedi après-midi, on relevait « des températures maximales autour de 35 degrés en région parisienne, et entre 35 et 40 voire 41 degrés en pointe du Sud-Est au Centre-Ouest, jusque sur l’Occitanie », selon Météo France.

La vigne et « le chalumeau »

La végétation souffre elle aussi : dans le Gard et l’Hérault, des vignes semblent avoir été « brûlées au chalumeau », selon le président de la chambre d’agriculture de l’Hérault Jérôme Despey, qui n’avait « jamais vu ça ».

La chaleur intense a favorisé le départ d’incendies. Une soixantaine d’incendies ont brûlé 620 hectares et 11 maisons dans le Gard.

PHOTO JUAN MEDINA, REUTERS

Un incendie de forêt ravage les environs de Toledo, en Espagne.

Autre conséquence plus inattendue : des cas d’intoxication au monoxyde de carbone dans le Bas-Rhin, en particulier à Strasbourg.

« La période de forte chaleur actuelle est susceptible d’affecter la bonne évacuation des gaz de combustion produits lors de l’utilisation des chauffe-eau raccordés, fonctionnant avec un combustible (gaz naturel, fioul) », selon la préfecture.

Pour ce week-end, qui coïncide avec de premiers départs en vacances, la ministre des Transports Élisabeth Borne a incité ceux qui le peuvent à « décaler leurs déplacements » en voiture comme en train.

La SNCF a indiqué à l’AFP avoir distribué vendredi 480 000 bouteilles d’eau sur l’ensemble du réseau ferroviaire.

Cette canicule s’accompagne d’un épisode de pollution. En Île-de-France, Airparif prévoit pour dimanche un nouveau dépassement du seuil limite d’ozone.

« Nous ne gérons pas une crise exceptionnelle, nous gérons un phénomène qui va se reproduire », a déclaré le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.  Les scientifiques anticipent des vagues de chaleur deux à trois fois plus nombreuses d’ici au milieu du siècle.