45,8 °C : un record absolu de chaleur a été établi en France, hier, alors que l'Europe continue de fondre sous la canicule. À Paris, on essayait de se rafraîchir par tous les moyens...

« Faire la queue ? Ah bon ? Et c'est long avant d'entrer ? »

L'air dépité, Marie Boutet se demande si elle aura la patience d'attendre. Elle espérait se rafraîchir dans l'eau. Mais d'autres ont manifestement eu la même idée qu'elle. Devant l'entrée de la piscine Joséphine-Baker, à Paris, ils sont une petite centaine à faire la file, en attendant que des places se libèrent. Certains se protègent la tête avec leur serviette de bain. D'autres boivent de l'eau pour éviter l'insolation.

Que faire d'autre par une journée aussi chaude ? À Paris, le mercure est monté hier jusqu'à 34 °C. Chacun cherchait un petit coin d'ombre ou un plan d'eau pour supporter la chaleur.

Mais c'est dans le Sud, surtout, que la canicule s'est fait sentir. À Gallargues-le-Montueux, dans le département du Gard, on a ainsi enregistré 45,8 °C à l'ombre... l'enfer. D'après Météo France, ce serait la température la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des relevés de température en France, au commencement du XXe siècle.

Quatre mille écoles ont été fermées, alors que des musées climatisés offraient l'entrée gratuite. Les heures d'ouverture de certains parcs et de certaines piscines ont aussi été prolongées. Les autorités ont placé en « vigilance rouge » six régions du sud de la France.

Dans les médias, dans les transports en commun, de nombreux messages exhortaient la population à boire de l'eau et à éviter les longues expositions au soleil, tandis que des journalistes allaient se mettre la tête dans la fournaise, pour témoigner de l'insupportable.

Le précédent record de chaleur, de 44,1 °C, datait du 12 août 2003, pendant la vague de chaleur qui avait fait 15 000 morts dans l'Hexagone.

Un éventail de solutions

Avec « seulement » 34 °C au thermomètre, Paris semblait relativement épargné par cette chape de plomb. Un petit vent balayait la capitale, rendant la journée supportable, malgré les inévitables îlots de chaleur.

Pas à l'aise pour autant, les Parisiens tentaient par tous les moyens de se rafraîchir.

Dans les transports en commun, les jeunes s'aéraient avec des mini-ventilateurs portables, branchés à leurs cellulaires. Les plus vieux, eux, se rabattaient sur le classique éventail, qui semble faire un retour en force en ces journées exceptionnellement chaudes.

C'est le cas de Maria Sanchez, qui battait le sien à bon rythme dans l'autobus menant à la gare d'Austerlitz. « On n'est plus habitués, c'est vrai. Le climat est bizarroïde, lance la sexagénaire. Je ne sors plus jamais sans. Et ça me fait sentir espagnole. »

D'autres préféraient carrément les plans d'eau, question de cuire moins lentement. Fontaines pour certains, bassins pour d'autres, piscines pour les plus ambitieux.

Manque de piscines

On revient au début de ce texte, alors que tous ces gens font la file devant la piscine Joséphine-Baker. L'établissement a beau avoir installé un immense parasol, la plupart cuisent au soleil, dans l'espoir de s'offrir un centimètre d'espace au bord de l'eau.

PHOTO PATRICK VALASSERIS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Une partie de l'Europe suffoque depuis lundi à cause d'un courant d'air chaud venu du Sahara.

Située au bord de la Seine dans le 13e arrondissement, dans l'est parisien, la piscine Joséphine-Baker a la particularité d'être l'une des rares piscines extérieures de Paris. Voilà pourquoi beaucoup ont choisi d'y aller. « On savait qu'il y aurait du monde, alors on s'est pressés de venir », lance Hugo Rodriguez-Rochat, qui a pris congé spécialement pour l'occasion.

« On en a essayé une autre hier, mais c'était bondé de gens, ajoute sa copine, Orlana Guarnieri. C'est ça, le problème, ici. Paris manque de piscines. Tu peux l'écrire dans ton article ! »

Pour ceux qui ne nagent pas, il restait les parcs et les terrasses à l'ombre, certains bistrots offrant même un système de brumisateur pour les clients assis à l'extérieur.

Tous, enfin, ne semblaient pas impressionnés par cette apparence de fin du monde ensoleillée. Rencontré au bar L'Arsenal, brasserie du quartier Bastille, Laurent Filippelli dénonçait carrément la folie médiatique entourant cette canicule, accusant notamment les chaînes d'info en continu « d'enfler le truc » pour gagner de l'audimat.

« Ils exagèrent, largement. À les entendre, on croirait qu'il fait 48 degrés dans toute la France. Moi, ça va. Mais il faut faire attention. Les gens moins intelligents, il y en a que ça fait paniquer ! »

Ailleurs aussi

Rappelons que la France n'est pas un cas à part. Une partie de l'Europe suffoque depuis lundi à cause de ce courant d'air chaud venu du Sahara.

Des températures extrêmes ont notamment été enregistrées en Belgique, en Autriche, en République tchèque, autant de pays à avoir battu leurs propres records de chaleur. En Espagne, où l'on a enregistré des températures de 42 °C, la Catalogne luttait hier contre ses pires incendies de forêt en 20 ans.

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Devant l'entrée de la piscine Joséphine-Baker, à Paris, une centaine de personnes faisaient la file en attendant que des places se libèrent.