(Modène) Elle fut la protagoniste d’une des affaires criminelles les plus retentissantes des dernières années : Amanda Knox a fait jeudi son retour en Italie quatre ans après son acquittement du meurtre de sa colocataire, Meredith Kercher, pour lequel elle a fait plusieurs années de prison.

Elle est arrivée jeudi à l’aéroport de Milan, mais a ensuite pris la direction de Modène où elle a été vue, souriante et verre à la main, à la soirée d’inauguration d’une conférence consacrée à la justice et aux médias. Elle doit y prendre la parole samedi matin.

La jeune Américaine, aujourd’hui âgée de 31 ans, dont l’histoire a tenu en haleine les médias anglo-saxons pendant huit ans, a accepté de participer à un débat intitulé «Le procès pénal médiatique» dans le cadre de ce forum sur la justice à Modène.

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Amanada Knox et Raffaele Sollecito photographiés en novembre 2007.

La native de Seattle a passé quatre ans dans une prison italienne après le meurtre, en novembre 2007, de sa colocataire britannique Meredith Kercher pour lequel elle était co-accusée avec son petit ami de l’époque Raffaele Sollecito.  

Dans la nuit du 1er au 2 novembre 2007, Meredith Kercher, étudiante de 21 ans, avait été retrouvée violée et poignardée de 47 coups de couteau dans l’appartement qu’elle partageait avec Amanda Knox, elle aussi étudiante à l’époque, à Pérouse, dans le centre de l’Italie.

Le thème de la conférence a laquelle Amanda Knox doit participer est «Condamnations injustifiées et populisme judiciaire». Elle est organisée par un groupe d’avocats de Modène et l’association Italy Innocence Project, qui travaille sur les condamnations injustifiées et les erreurs judiciaires.

L’association offre des conseils juridiques bénévoles et des ressources scientifiques pour aider les avocats à assister des détenus condamnés à tort.

«Italy Innocence Project n’existait pas lorsque j’ai été condamnée à tort à Pérouse», a déclaré Amanda Knox qui, sur Twitter en mai, s’est plainte d’avoir été injustement traitée par les médias.  

Dans un article publié mercredi sur la plateforme Medium, la jeune femme explique qu’elle met la dernière main à un discours qu’elle va prononcer «devant un public potentiellement hostile en Italie».  

«Lors d’un procès pour un meurtre que je n’ai pas commis, le procureur m’avait décrite comme une femme fatale obsédée par le sexe», ajoute-t-elle.

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Amanda Knox était accompagnée jeudi à Modène de son copain Christopher Robinson.

À l’époque, les magistrats avaient décrit la nuit du meurtre comme une orgie alimentée par la drogue qui avait mal tourné.

Les avocats de la défense avaient alors déclaré que leurs clients pourraient ne pas bénéficier d’un procès équitable en raison de la frénésie médiatique suscitée par l’affaire.

«Vilipendée et humiliée»

Le site internet d’Amanda Knox affirme qu’elle a été «vilipendée et humiliée» pendant son procès et qu’elle «travaille désormais à faire la lumière sur les condamnations injustifiées, la recherche de la vérité et les humiliations publiques».

En janvier 2019, la Cour européenne des droits de l’homme, saisie par l’Américaine, a condamné l’Italie à lui verser des milliers d’euros de dommages-intérêts parce que les autorités ne lui avaient pas fourni d’avocat dans les premiers jours de l’enquête.

En première instance, Amanda Knox et Raffaele Sollecito, qui clamaient leur innocence, avaient été condamnés en 2009 à 26 et 25 ans de réclusion pour meurtre.

La justice estimait que les deux jeunes amants avaient porté à Meredith Kercher le coup fatal, tandis qu’un Ivoirien, Rudy Guédé, lui tenait les bras parce qu’elle refusait de participer à un jeu sexuel.

Rudy Guédé, un vagabond et petit trafiquant de drogue, avait été condamné à 16 ans de prison dans un procès distinct.

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En octobre 2011, la cour d’appel de Pérouse avait remis en liberté Amanda Knox et Raffaele Sollecito, l’Américaine regagnant alors aussitôt son pays.

Ce dernier, qui s’est toujours dit innocent, a raconté qu’il avait eu des relations sexuelles consenties avec Meredith Kercher avant d’aller aux toilettes, où il écoutait de la musique forte dans ses écouteurs, et avoir retrouvé la jeune fille poignardée à son retour.

L’année passée, un tribunal italien a refusé de réexaminer sa condamnation, confirmant ainsi sa peine de 16 ans de prison.

Un nouveau rebondissement était survenu en 2013, quand la Cour de cassation italienne avait annulé l’acquittement des anciens amants.  

En janvier 2014, ils avaient été condamnés respectivement à 28 ans et six mois et 25 ans de prison avant d’être mis définitivement hors de cause en mars 2015 par la Cour de cassation, après huit ans de procédure.

Après sa libération, Amanda Knox est retournée vivre à Seattle où elle travaille comme journaliste. Elle a également tiré un livre de son épreuve, Waiting To Be Heard.