(La Haye) Un tribunal de l’ONU a ordonné l’ouverture d’une enquête après que l’ex-chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, aurait pris part à un événement public au Monténégro par téléphone depuis sa cellule d’un centre de détention aux Pays-Bas.

L’incident est survenu deux mois à peine après la condamnation à perpétuité de Karadzic par le Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI), qui siège à La Haye, pour génocide et crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie (1992-95).

«Le soir du 3 mai, le détenu semble avoir participé à un événement public (conférence, discussion) à Podgorica, au Monténégro», a déclaré dans un document officiel le greffier du MTPI, Olufemi Elias.

Radovan Karadzic est détenu dans le centre de détention de l’ONU à La Haye. Il attend d’être transféré dans une prison située à l’extérieur des Pays-Bas, où il servira sa peine pour son rôle notamment dans le massacre de Srebrenica lors de la sanglante guerre civile en Bosnie.  

«L’officier en charge n’a pas donné au détenu l’autorisation préalable d’utiliser les moyens de communication», a déclaré M. Elias, ajoutant qu’il «existait des motifs raisonnables de croire que le détenu pourrait avoir commis une infraction».

Le greffier a ordonné au commandant de l’unité de détention de l’ONU «d’écouter et de résumer» les appels téléphoniques de Karadzic non confidentiels passés ces cinq derniers jours.

L’avocat de Karadzic, Peter Robinson, a confirmé que son client s’était joint samedi à une discussion publique tenue à Podgorica.

«D’après ce que je comprends, il a appelé à la tolérance» sur les questions politiques dans la région, y compris sur le rôle de l’OTAN, qui est intervenue dans la guerre de Bosnie, a déclaré M. Robinson.

Les juges du MTPI ont condamné en mars en appel Radovan Karadzic à la prison à vie pour «l’étendue et la cruauté systématique» de ses crimes pendant la guerre de Bosnie, durcissant sa peine initiale de 40 ans de prison.

En avril, les juges ont refusé une ultime demande de la défense d’une révision en appel de la sentence prononcée contre l’ex-chef politique des Serbes de Bosnie.