(Paris) Après la trêve politique imposée par l’incendie de Notre-Dame, Emmanuel Macron annonce jeudi aux Français ses réponses à la crise des gilets jaunes, qui descendent dans la rue depuis plus de cinq mois pour réclamer plus de justice fiscale et sociale.

Le chef de l’État tiendra une conférence de presse jeudi à 17 h à l’Élysée, le palais présidentiel. Ce face-à-face avec les journalistes sera le premier du quinquennat, signe de l’importance de ce rendez-vous très attendu.  

L’annonce de mesures, qui fait suite au « grand débat national » de deux mois destiné à écouter les revendications des « gilets », est perçue comme un « acte II » du quinquennat.  

Le but est de relancer le mouvement d’espoir qui avait porté au pouvoir en 2017 Emmanuel Macron, jeune président qui promettait le changement et se retrouve aujourd’hui embourbé dans la pire crise sociale de son mandat. Des dizaines de milliers de « gilets » manifestent chaque samedi à travers la France, dans des cortèges souvent émaillées de violences.

Aujourd’hui, la popularité du président n’a jamais été aussi faible, avec seulement 27 % des Français satisfaits, selon un sondage Opinionway diffusé samedi. Des chiffres de mauvais augure à moins d’un mois des élections européennes où le parti présidentiel, premier selon les sondages, est talonné par l’extrême droite.

Emmanuel Macron avait prévu d’annoncer ces mesures le lundi 15, mais, alors que le discours était déjà prêt à être diffusé, les flammes se sont emparées de la cathédrale Notre Dame de Paris, contraignant le président à tout annuler.

Les annonces qu’il devait faire ont cependant fuité le lendemain dans les médias, annihilant ainsi l’effet de surprise escompté. M. Macron prévoit une baisse des impôts, en particulier sur les classes moyennes, importantes au sein des gilets jaunes, la réindexation des petites retraites ou la suppression de l’Ecole nationale d’administration (ENA), accusée de former des élites déconnectées du « vrai monde ».

Travailler plus ?

Le président pourrait également annoncer des réductions de la dépense publique, la suppression de certaines niches fiscales mais aussi « la nécessité de travailler davantage » afin de financer la baisse d’impôts qu’il envisage.

Ce dernier thème est particulièrement sensible et potentiellement explosif, dans un contexte social déjà très dégradé et après les importantes manifestations qu’ont déjà provoquées les réformes Macron, celles du code du travail et du rail en particulier.  

En revanche, le président ne devrait pas rétablir l’ISF, un impôt sur les plus riches dont les gilets jaunes réclament le retour pour plus de « justice fiscale ». Le président a transformé l’ISF en un impôt sur la « fortune immobilière » dans le but officiel est de réorienter l’épargne vers l’investissement productif, et donc l’emploi, tandis que la France souffre toujours d’un chômage plus élevé que la moyenne européenne.

Incendie de Notre-Dame oblige, les réactions politiques aux mesures ayant fuité sont restées timides.

Le membre dirigeant du Rassemblement national (extrême droite) Nicolas Bay a jugé « dérisoires » les annonces ayant fuité. « C’est du rafistolage », a critiqué Manon Aubry, tête de liste de LFI (gauche radicale) aux européennes.

Les principales mesures annoncées semblent pourtant répondre aux attentes des Français, selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting publié jeudi par Le Figaro et Franceinfo : 77 % approuvent une baisse d’impôt pour les personnes payant les premières tranches de l’impôt sur le revenu, 74 % la réindexation sur l’inflation des retraites inférieures à 2000 euros et 74 % la suspension des fermetures d’écoles et d’hôpitaux jusqu’à la fin du quinquennat.