Les autorités bulgares et turques ont annoncé vendredi enquêter sur les séjours effectués en Bulgarie en novembre 2018 et à Ankara par l'extrémiste de droite qui a perpétré une attaque sanglante contre deux lieux de culte musulmans en Nouvelle-Zélande.

L'assaillant présumé, un Australien de 28 ans qui a fait un carnage dans deux mosquées de la ville de Christchurch durant la prière du vendredi, a séjourné en Bulgarie « du 9 au 15 novembre 2018 », a indiqué le procureur général bulgare Sotir Tsatsarov.  

Il s'est aussi « rendu à plusieurs reprises en Turquie et a séjourné pendant une longue période dans le pays », a déclaré un haut responsable turc sans fournir de détails sur la fréquence, la durée ou la date de ces séjours.

« Nous pensons que le suspect a pu se rendre dans d'autres pays (depuis la Turquie) en Europe, en Asie et en Afrique. Nous sommes en train d'enquêter sur les déplacements et les contacts du suspect à l'intérieur du pays », a ajouté cette source ayant requis l'anonymat.

Une enquête a été ouverte pour déterminer si « sa version, selon laquelle il souhaitait découvrir des sites historiques et étudier l'histoire des pays balkaniques, est correcte ou s'il avait d'autres objectifs », a ajouté le procureur lors d'une conférence de presse.

La Turquie a fermement condamné cette attaque, le président Recep Tayyip Erdogan y voyant le signe d'une « hausse de l'islamophobie » dans les pays occidentaux.

Plusieurs médias turcs rapportent que le tireur a proféré des menaces à l'encontre de la Turquie dans un « manifeste » publié sur les réseaux sociaux et qu'il a inscrit des dates de défaites militaires de l'Empire ottoman sur les chargeurs de ses armes.

Dans son « manifeste », il déclare notamment que la basilique Sainte-Sophie d'Istanbul, transformée en mosquée par les Ottomans après la prise de Constantinople en 1453 puis devenue un musée, sera « libérée » de ses minarets.

Séjour dans dans dix localités bulgares

Le ministre bulgare de l'Intérieur, Mladen Marinov, a pour sa part indiqué que l'enquête visait à élucider « les motifs » du séjour de cet homme et d'éventuels « contacts avec d'autres personnes ».

Dans les premiers éléments en possession des autorités bulgares ne figurent cependant pas « de données d'activités terroristes et de contacts de cette personne en Bulgarie », a précisé le procureur.

Les enquêteurs disposent déjà d'informations précises sur le déroulé du séjour en Bulgarie : arrivé à Sofia en provenance de Dubai le 9 novembre, l'homme a loué une voiture le 10 novembre et « a visité des sites historiques » dans dix localités bulgares, selon le magistrat.

Il a quitté la Bulgarie le 15 novembre sur un vol pour Bucarest, où il a loué une voiture pour se rendre en Hongrie, a-t-il précisé.

Ce n'était pas la première fois que cet Australien se rendait dans le sud-est de l'Europe : il avait, selon les mêmes sources, effectué un court séjour dans les Balkans du 28 au 30 décembre 2016, voyageant en bus à travers la Serbie, la Croatie, le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine.

La Bulgarie a précisé être en contact pour cette enquête avec les autorités des États-Unis, de Nouvelle-Zélande, d'Australie, des Émirats arabes unis, de la Serbie et du Monténégro.

Le principal suspect de l'attaque de Christchurch, qui a fait 49 morts, a publié des documents dans lesquels il a motivé ses actes en estimant combattre ce qu'il juge être une submersion culturelle des peuples européens blancs par l'immigration. Certains de ces éléments font référence à des épisodes de l'histoire des Balkans et des combats contre les Ottomans.