Le président français Emmanuel Macron propose de « remettre à plat l'espace Schengen » afin de rétablir « la liberté en sécurité », dans une tribune publiée lundi soir dans plusieurs médias de l'Union européenne (UE).

M. Macron préconise en outre « une police des frontières commune et un office européen de l'asile, des obligations strictes de contrôle, une solidarité européenne à laquelle chaque pays contribue, sous l'autorité d'un Conseil européen de sécurité intérieure ».

« Aucune communauté ne crée de sentiment d'appartenance si elle n'a pas des limites qu'elle protège », plaide M. Macron dans sa tribune publiée dans 28 pays, dont, en France, le journal Le Parisien et 28 titres régionaux.  

« La frontière, c'est la liberté en sécurité », poursuit-il : « Nous devons ainsi remettre à plat l'espace Schengen : tous ceux qui veulent y participer doivent remplir des obligations de responsabilité (contrôle rigoureux des frontières) et de solidarité (une même politique d'asile, avec les mêmes règles d'accueil et de refus) ».

L'espace Schengen est une zone de libre circulation, où les contrôles aux frontières sont abolis en temps normal. Elle est actuellement composée de 26 pays, dont 22 membres de l'UE.

La France a rétabli les contrôles aux frontières au soir des attentats du 13 novembre 2015. Ils ont été systématiquement renouvelés depuis, tous les six mois, au motif de la menace terroriste.  

Il ne s'agit pas de contrôles systématiques mais d'une possibilité de procéder à des vérifications d'identité aux frontières, par dérogation aux règles de la libre circulation.

Les frontières terrestres, avec la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie et l'Espagne, sont concernées, ainsi que les frontières aériennes et maritimes.

Au total, six pays ont réintroduit des contrôles aux frontières intérieures de l'espace Schengen (la France, l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la Suède, la Norvège), invoquant des questions de sécurité ainsi que les déplacements transfrontaliers de migrants entrés irrégulièrement dans l'UE.

Plusieurs États, ainsi que la Commission européenne, s'inquiètent régulièrement de voir ces mesures dérogatoires devenir peu à peu la norme, risquant de provoquer à terme la fin de l'espace Schengen.

Une « Banque européenne du climat »

Emmanuel Macron appelle aussi l'UE à prendre « la tête du combat écologique », proposant la création d'une « Banque européenne du climat » pour financer la transition écologique, et d'une force sanitaire européenne pour « renforcer les contrôles » des aliments, dans cette même tribune.

M. Macron, pour qui l'UE doit « diviser par deux » sa consommation de pesticides d'ici 2025, souhaite également une « évaluation scientifique indépendante des substances dangereuses pour l'environnement », alors que plusieurs agences sanitaires ont été soupçonnées de reprendre trop complaisamment les arguments de la firme Monsanto.