Des rassemblements de « gilets jaunes » sont prévus samedi à travers la France pour le dixième samedi consécutif, alors que le gouvernement compte sur le lancement de son « débat national » pour enrayer cette contestation sociale inédite.

Samedi dernier, plus de 80 000 personnes avaient manifesté dans le pays, une mobilisation en hausse par rapport aux 50 000 de la semaine précédente, mais bien inférieure aux centaines de milliers rassemblées en novembre ou décembre, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.

À Paris, des « gilets jaunes » dont Éric Drouet, une de leurs voix les plus connues, ont donné rendez-vous sur la place des Invalides à la mi-journée avec une ambition : « Le million à Paris ! ». Ils invitent les participants à amener « une fleur ou une bougie en hommage » aux personnes tuées ou blessées « pour [leur] cause » depuis le début du mouvement le 17 novembre.

À Marseille, où 3000 personnes s'étaient réunies la semaine dernière, ils donnent rendez-vous en début d'après-midi sur le Vieux-Port.

« On veut que ça continue, qu'on arrive à faire sortir du monde qui ne sort pas d'habitude pour manifester », a expliqué à l'AFP Luc Benedetti, un « gilet jaune » marseillais. « La seule chose à faire maintenant, c'est d'envoyer une lettre de licenciement à Castaner et à Macron, puisque c'est nous leurs employeurs. De toute façon, Macron il ne tiendra pas jusqu'au printemps ».

Des rassemblements sont également annoncés samedi après-midi à Bordeaux, Toulouse, Lyon, Saint-Étienne, Roanne, Valence, Clermont-Ferrand, Montélimar, Dijon, Nevers, Montceau-les-Mines, Toulon, Avignon ou Béziers.

Le gouvernement a annoncé qu'il mettrait de nouveau « beaucoup de forces de l'ordre dans la rue » ce week-end, alors que la polémique enfle sur l'accumulation de blessures graves de manifestants causées notamment par les lanceurs de balles de défense (LBD).

Selon le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, il y a « de moins en moins de mobilisation ». « La pièce s'éternise, il n'y a plus grand monde sur la scène et dans la salle », a-t-il estimé vendredi sur Europe 1, et « il est temps de changer de pièce » et de passer au « débat national » lancé mardi par Emmanuel Macron pour mettre fin à la contestation, a-t-il dit.

Pouvoir d'achat, fiscalité, démocratie et environnement : les quatre thèmes proposés pour ce débat, inédit lui aussi, correspondent à ceux évoqués le plus souvent par les milliers de Français des classes populaires et moyennes, entrés en rébellion contre une politique gouvernementale jugée injuste.