Les députés britanniques voteront le 15 janvier sur l'accord de Brexit négocié entre Londres et l'Union européenne, a déclaré mardi un porte-parole de Downing Street, alors que l'exécutif a essuyé un premier revers au Parlement.  

Les députés se prononceront à partir de 19 h (heure locale, 14 h HE) au terme de plusieurs jours de débats qui reprendront mercredi à la Chambre des communes. Mais d'ores et déjà, l'adoption du texte semble compromise tant il est décrié à la fois par les « Brexiters » et les europhiles, faisant planer la menace d'une sortie brutale de l'UE le 29 mars.  

Signe de l'hostilité ambiante, les députés ont mis en défaut le gouvernement mardi en votant un amendement au projet de loi de finances, déposé par l'opposition travailliste et passé à 303 voix contre 296 grâce au soutien de conservateurs de la majorité. Le texte réduit les pouvoirs fiscaux du gouvernement dans le cadre d'un Brexit sans accord, s'il n'a pas le « consentement explicite » du Parlement.  

« Cela montre qu'il n'y a pas de majorité au Parlement [...] pour une sortie de l'UE sans accord », a réagi le chef de file des travaillistes, Jeremy Corbyn. La première ministre « Theresa May doit maintenant exclure un "no deal" une bonne fois pour toutes », a-t-il ajouté, alors que le gouvernement accélère ses préparatifs en prévision d'un tel scénario.  

Mme May a déclaré qu'elle continuait à travailler avec Bruxelles pour obtenir des assurances susceptibles de convaincre les députés du bien-fondé de l'accord de divorce avec Bruxelles, après s'être déjà entretenue avec des dirigeants européens pendant la période de Noël.  

Mais Londres a démenti envisager de retarder la date de sa sortie de l'UE, comme l'affirme mardi le Telegraph, face au risque d'impasse et de no deal, synonyme de rupture brutale des liens tissés depuis plus de quatre décennies.  

Plusieurs sources européennes ont indiqué au quotidien que les autorités britanniques « tâtaient le terrain » pour demander une éventuelle extension de l'article 50 du Traité de l'UE, qui régit le départ d'un État membre.

Faux, selon le gouvernement. « Nous sommes très clairs : la politique du gouvernement est que l'article 50 ne peut pas être prolongé », a commenté le secrétaire d'État au Brexit Martin Callanan, à son arrivée mardi à une réunion entre ministres européens à Bruxelles.

« Nous quitterons l'UE le 29 mars de cette année parce que c'est ce que dit l'article 50, c'est ce pour quoi le Parlement a voté, et c'est désormais ce que dit la législation nationale britannique », a-t-il ajouté.

Le ministre britannique chargé du Brexit, Steve Barclay, a également démenti que le gouvernement britannique comptait demander une prolongation.

La veille, la secrétaire d'État chargée du Numérique, Margot James, avait cependant suggéré que le Brexit pourrait être retardé afin d'éviter une sortie sans accord entre les deux parties.

Une demande d'extension devrait être approuvée à l'unanimité par les États membres de l'UE.

« Si une telle demande était faite, nous ne nous y opposerions pas », a réagi mardi le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney.

Selon une source diplomatique européenne, « il est clair que tout le monde a en tête que cette possibilité existe ». Elle a toutefois averti que c'était « une option très hypothétique ».  

Une prolongation serait « strictement limitée à quelques semaines ou à quelques mois » - peut-être seulement jusqu'à fin juin ou début juillet, a ajouté cette source.

« Cela n'a pas été demandé par les autorités britanniques », a précisé de son côté la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau, également interrogée sur l'hypothèse d'un report de la date de départ du Royaume-Uni.

« Je ne travaille pas sur des hypothèses. La situation actuellement est déjà assez complexe », a-t-elle affirmé à Bruxelles.