(Paris) Syndicats et gouvernement français campaient dimanche sur leurs positions au 11e jour de grève dans les transports contre la réforme des retraites et à l’avant-veille d’une journée de manifestations à l’appel de l’ensemble des syndicats, avec la menace d’un blocage des transports pour les fêtes de Noël.

Plusieurs membres du gouvernement ou de son entourage ont évoqué la possibilité d’un blocage pour Noël, appelant les grévistes à cesser le mouvement. « Si le gouvernement retire son projet et [qu’] on discute sérieusement sur comment améliorer le système […] et bien tout se passera bien. Sinon, les grévistes décideront de ce qu’ils ont à faire jeudi ou vendredi », a répliqué dimanche soir Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, syndicat majoritaire à la société des chemins de fer SNCF.

« Noël c’est un moment important. Il faudra que chacun prenne ses responsabilités. Je ne crois pas que les Français accepteraient que certains puissent les priver de ce moment », a déclaré le premier ministre Édouard Philippe dans le journal Le Parisien.

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Le premier ministre Édouard Philippe

« Il faut une trêve, il est juste impensable que deux professions puissent empêcher les Français de partager des moments en famille dont tout le monde à besoin », a renchéri sur France 3 le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand.

D’ici là, l’épreuve de force va continuer, avec des transports publics qui seront encore très perturbés lundi, affectant notamment le bassin parisien et les grandes agglomérations, et une journée de manifestations mardi qui donnera une idée de la mobilisation contre le projet de réforme du gouvernement, enjeu politique majeur pour le gouvernement d’Édouard Philippe et le président Emmanuel Macron.

Manifestations mardi

Cheminots, étudiants, employés de la fonction publique, professions de santé, avocats,  magistrats, enseignants sont attendus dans la rue pour une nouvelle journée de manifestations.

La position de l’exécutif est fragilisée par des soupçons de conflits d’intérêts qui pèsent sur le haut-commissaire chargé de ce dossier, Jean-Paul Delevoye, qui a omis de déclaré certains mandats avec le monde des assurances dans sa « déclaration d’intérêts », un document que doivent déposer les membres du gouvernement auprès d’une autorité scrutant le patrimoine et les activités des personnages publics.

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Le haut-commissaire chargé du dossier des retraites, Jean-Paul Delevoye

Le « Monsieur Retraites » du gouvernement a reçu samedi le soutien du premier ministre Édouard Philippe qui s’est dit convaincu de sa « bonne foi », éloignant l’incertitude qui planait sur une éventuelle démission.

Élément clé du passage de la réforme dans l’opinion, le patron de la CFDT, premier syndicat de France, Laurent Berger, est sorti dimanche du silence qu’il observait depuis son coup de colère mercredi contre la décision du gouvernement d’ajouter une mesure d’âge à son projet, prévoyant des mesures incitatives pour retarder de facto l’âge de départ à la retraite avec une pension complète.

« C’est très simple : pour que la CFDT porte un autre regard sur ce projet de loi, le gouvernement doit accepter de retirer l’âge d’équilibre [le nom technique de ces mesures incitatives, NDLR]. Un point, c’est tout », a dit M. Berger au Journal du dimanche.

La position de la CFDT est cruciale. Le premier syndicat du pays est en effet le seul qui ne s’oppose pas au principal chapitre de la réforme, à savoir le remplacement des 42 régimes de retraite existants en France par un régime universel à points. Les autres organisations réclament l’abandon total du projet.

L’opinion publique semble, elle, toujours favorable à ce mouvement. Selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche, 54 % des Français disent soutenir la grève (contre 46 % le 1er décembre avant le début du mouvement et 53 % après la mobilisation du 5 décembre), 30 % s’y disant hostiles (comme la semaine passée).