(Bastogne, Bruxelles) La bataille des Ardennes fut la dernière offensive allemande de la Seconde guerre mondiale, marquée par des combats effroyables et la consécration d’un héros américain, Patton, au cœur des hommages du 75e anniversaire rendus jusqu’à lundi en Belgique et au Luxembourg.

La commune de Bastogne, dans le sud de la Belgique, point névralgique de cette offensive surprise lancée le 16 décembre 1944 par les troupes de la Wehrmacht, concentre l’essentiel des commémorations.

Avec des invités de marque comme Nancy Pelosi, la cheffe des démocrates au Congrès américain, qui a pris part dès samedi aux cérémonies dans cette ville, à la tête d’une délégation d’une quinzaine de parlementaires démocrates et républicains.

PHOTO JOHN THYS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des acteurs ont participé vendredi à une reconstitution des combats.

« Nous commémorons le courage de nos militaires qui ont bravé des semaines d’hiver rigoureux pour assurer la victoire de la liberté sur la tyrannie, non seulement pour l’Europe, mais pour le monde entier », a déclaré Mme Pelosi, citée dans un communiqué.

« Leur service nous rappelle notre mission : construire un avenir digne de leur sacrifice », a ajouté la principale responsable de l’opposition au président Donald Trump.

« Au sommet de sa gloire »

Lundi matin c’est le ministre américain de la Défense, Mark Esper, qui se joindra aux hommages officiels, au mémorial du Mardasson, érigé sur une colline de Bastogne en mémoire des milliers des soldats américains tués, notamment ceux de la 101e division aéroportée assiégés par les Allemands.

Sont également attendus au mémorial, à l’invitation du gouvernement belge dirigé par Sophie Wilmès, le président allemand Frank-Walter Steinmeier, son homologue polonais Andrzej Duda et des délégations des cinq autres pays belligérants (Canada, Royaume-Uni, Pays-Bas, France et Luxembourg). Un vétéran américain de 96 ans doit prononcer un discours.

Le cortège officiel se retrouvera l’après-midi au cimetière militaire de Hamm, au Luxembourg, autour du Grand-duc Henri et du premier ministre Xavier Bettel, pour un hommage à George S. Patton, qui repose là avec 5000 soldats américains. Décédé en décembre 1945 des suites d’un accident en Allemagne, le général a tenu à être enterré à Hamm avec ses hommes.

Car Patton est un héros des Ardennes, rappelle Mathieu Billa, directeur du Bastogne War Museum.

Le général américain, raconte à l’AFP ce licencié en histoire, a accouru de l’est de la France avec ses hommes pour aider ses compatriotes de la 101e division piégés à Bastogne par l’ennemi. L’objectif allemand est alors de reconquérir le port d’Anvers.

Et Patton, à l’époque âgé de 59 ans, est propulsé « au sommet de sa gloire » quand il parvient à « couper l’encerclement » d’un total de 18 000 soldats américains dont l’armée d’Adolf Hitler exigeait la reddition.

Un noyer symbole de paix

Quelques jours plus tôt, le général américain Anthony McAuliffe avait balayé cette demande d’un « Nuts ! » (« Des clous ! » au sens figuré). Une expression entrée dans la légende en Belgique.

La bataille des Ardennes dure au total six semaines, jusqu’à la victoire alliée de fin janvier 1945, et fait selon les sources 15 000 à 20 000 morts côté allemand, et entre 10 000 et 19 000 côté américain, rappelle M. Billa.

Sans oublier les quelque 3000 civils belges tués dans des bombardements et des massacres commis par la Waffen-SS. Houffalize compte parmi les villes martyres.

Dimanche, au hameau de Hardigny à Bastogne, une reconstitution de bataille avec plusieurs centaines de figurants donnera une idée de l’intensité de ces combats de l’hiver 1944-45, certains parfois au corps au corps.

« On peut dire que vous avez souffert à cause de nous », a dit samedi à la chaîne belge RTBF un vétéran allemand de 95 ans, Jürgen Tegethoff, disant sa « fierté » et sa « joie » d’être à nouveau invité pour commémorer la bataille à laquelle il a pris part.

« Je venais de la bataille d’Aix-la-Chapelle et on avançait vite, les premiers chars arrivaient presque jusqu’à la Meuse, ils avaient percé les lignes alliées », a-t-il raconté, « nous n’avions plus vécu (cela) depuis longtemps, et tout d’un coup il a fallu s’arrêter car on n’avait plus de carburant ».

Avec des vétérans américains cet ancien de la Wehrmacht a planté un noyer à Bastogne, en signe de paix et de réconciliation.