(Londres) Donald Trump a fait l’éloge du premier ministre britannique Boris Johnson mardi, à neuf jours des législatives au Royaume-Uni, tout en assurant ne pas vouloir se mêler de ces élections cruciales pour le Brexit.

La visite à Londres du milliardaire américain pour le 70e anniversaire de l’OTAN était attendue avec nervosité dans la classe politique britannique, vu son caractère imprévisible et son enthousiasme sur le sujet très clivant de la sortie de l’Union européenne.

Lors de sa première intervention avant les commémorations officielles, Donald Trump a indiqué qu’il rencontrerait Boris Johnson, sans préciser sous quelle forme. Si les deux dirigeants doivent participer à plusieurs événements en commun lors des festivités, aucune rencontre bilatérale n’est prévue officiellement.

« Je ne veux pas compliquer les choses […] je ne vais pas me mêler de ces élections », a déclaré le président américain lors d’un point presse avec le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, avant le début du sommet.

« Je pense que Boris est très compétent et qu’il fera du bon travail », a-t-il ajouté, répétant être favorable au Brexit, dont le premier ministre britannique s’est fait le champion.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Boris Johnson en juillet, Donald Trump n’a pas caché tout le bien qu’il pense de lui, à l’inverse de sa prédécesseure Theresa May. Il a relevé qu’on surnommait parfois M. Johnson « le Trump britannique ».

De nombreux commentateurs politiques estimaient toutefois que Boris Johnson serait soucieux d’éviter de trop s’afficher avec un président américain très impopulaire au Royaume-Uni et dont les compliments pourraient se révéler encombrants.

Le premier ministre conservateur a d’autant plus à perdre qu’il reste nettement en tête dans les sondages à un peu plus d’une semaine de ces législatives. Mais le scrutin s’annonce serré dans de nombreuses circonscriptions et le contexte très volatil, vu la profonde crise politique dans laquelle le pays est plongé depuis le référendum de juin 2016 sur le Brexit.

Trump dément convoiter le NHS

Les élections du 12 décembre sont les deuxièmes législatives anticipées convoquées depuis la victoire du « leave » il y a trois ans et demi. Boris Johnson espère en tirer la majorité nécessaire pour faire adopter son accord négocié avec Bruxelles et faire sortir son pays de l’Union européenne le 31 janvier prochain après 47 ans dans le giron européen.

Au début de la campagne, Donald Trump avait fait sensation en critiquant l’accord de divorce du premier ministre, qui maintient selon lui le Royaume-Uni trop étroitement lié à l’UE pour permettre un bon accord de libre-échange avec les États-Unis.

Il avait alors appelé Boris Johnson à se rapprocher de l’europhobe Nigel Farage, partisan d’un Brexit « dur » qu’il affectionne particulièrement, et avait dit tout le mal qu’il pensait du chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn.

Cette fois, le président américain est resté plus prudent, disant ne « rien savoir de Corbyn ».

Il a également démenti vouloir profiter du Brexit, comme l’affirme le Labour, pour favoriser l’accès des compagnies pharmaceutiques américaines au système de santé britannique, le NHS, gratuit et chéri par la population, dans le cadre des futures relations commerciales entre les États-Unis et le Royaume-Uni.

« Si on me le proposait sur un plateau d’argent, je ne le prendrais pas », a martelé mardi Donald Trump.

Jeremy Corbyn, qui mène une campagne très à gauche centrée sur la défense des services publics, accuse les conservateurs de mener des « négociations secrètes » avec Washington pour brader le NHS aux États-Unis.

Il a écrit lundi au président Trump pour lui demander des « assurances » sur le fait que le prix des médicaments achetés aux compagnies américaines n’augmenterait pas dans le cadre d’un futur accord commercial.

Dans le tabloïd The Sun mardi, Boris Johnson a contre-attaqué en accusant Jeremy Corbyn, critique de longue date des États-Unis, de constituer une menace pour la sécurité du Royaume-Uni : « Il ne manque pas une occasion de se placer du côté de nos ennemis ».

Jeremy Corbyn avait boycotté la réception donnée par la reine Élisabeth II pour Donald Trump en juin mais est attendu au dîner mardi à Buckingham Palace pour les dirigeants des pays membres de l’OTAN.