(Hanovre) Plus de 7000 personnes ont protesté samedi à Hanovre contre un rassemblement organisé par un parti ultranationaliste ciblant des journalistes spécialisés dans les enquêtes sur les milieux néonazis.

Environ 6800 personnes, largement plus que les 2000 annoncées, ont défilé sous le slogan « coloré plutôt que brun à Hanovre ! », tandis que 250 personnes s’étaient rassemblées dans une autre contre-manifestation, a indiqué la police de cette ville du nord de l’Allemagne.  

Le parti ultranationaliste NPD (Parti national-démocrate) a lui réuni quelque 120 personnes, selon la même source.  

Sa manifestation avait été interdite dans un premier temps par la police, qui jugeait qu’elle constituait « un danger pour la sécurité publique ». Mais le parti avait contesté cette décision devant la justice et obtenu gain de cause vendredi.

« On a pu voir à Hanovre ce qui vaut aussi pour toute l’Allemagne : les néonazis et faiseurs de peur qui appellent à la haine contre les journalistes sont une minorité », a déclaré samedi le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas sur son compte Twitter.

Les adhérents du NPD voulaient protester contre des journalistes ayant enquêté dans les milieux d’extrême droite. Ils avaient nommé plusieurs d’entre eux dans leur appel au rassemblement, dont Julian Feldmann, auteur d’un reportage pour la télévision publique allemande l’an dernier sur le criminel de guerre nazi présumé Karl Münter, impliqué dans le massacre d’Ascq dans le nord de la France en 1944.  

L’ancien SS, qui avait notamment tenu des propos négationnistes sur l’Holocauste et cautionné le massacre lors de l’interview, devait comparaître devant la justice, mais il est décédé en septembre à 96 ans.

Des familles des victimes du massacre d’Ascq ont exprimé leur soutien aux reporters allemands. « Voilà que les journalistes qui ont eu le courage, à travers leur film, de dénoncer les horreurs commises par cette horde de nazis dont faisait partie Karl Münter sont maintenant victimes de menaces, d’attaques de la part du NPD », déclare ainsi dans un mail Marguerite-Marie Béghin, dont le père faisait partie des 86 victimes d’Ascq.  

« C’est révoltant et cela prouverait s’il en était besoin que le nazisme n’est pas mort », ajoute-t-elle.

Fondé en 1964, le NPD compte moins de 6000 membres. La Cour constitutionnelle, la plus haute juridiction allemande, avait rejeté en janvier 2017 — pour la deuxième fois en 15 ans — une demande d’interdiction pure et simple du NPD en arguant de sa faible audience.