(Varsovie) Le président polonais Andrzej Duda s’est dit opposé lundi à l’idée de Donald Trump d’inviter le président russe Vladimir Poutine au prochain sommet du G7 aux États-Unis en 2020, rappelant «l’occupation» par la Russie d’une partie de l’Ukraine.

«Doit-on avoir une approche business as usual à l’égard de la Russie? […] Je crois qu’on ne peut pas faire comme si de rien n’était dans cette situation. C’est ma position et je n’hésite pas à l’exprimer», a dit M. Duda en réponse à une question lors d’une conférence de presse commune avec le vice-président américain Mike Pence.  

«La Russie occupe la Crimée, nous avons les districts de Lougansk et de Donetsk qui sont de facto occupés par la Russie, un conflit armé s’y déroule tout le temps, l’Ukraine n’a aujourd’hui aucun contrôle sur ces territoires», a ajouté le président polonais.

AFP

Mike Pence et Andrzej Duda lors d'une rencontre lundi à Varsovie.

«C’est une situation qui n’aurait jamais dû se produire en Europe», a-t-il insisté.

La question de l’invitation de M. Poutine a été évoquée par M. Trump à l’issue du G7 à Biarritz, alors que les autres membres s’y opposent. La Pologne n’est pas membre du groupe.

La Russie a été exclue de ce qui était à l’époque le G8 à la suite de l’annexion en 2014 de la péninsule ukrainienne de Crimée, condamnée par les Occidentaux.

De son côté, M. Pence a adopté devant les médias un ton prudent, insistant sur la nécessité de «rester vigilant» à l’égard de Moscou.  

Il a accusé la Russie de chercher à intervenir dans des élections et d’utiliser ses livraisons de gaz et de pétrole pour «diviser notre alliance», dans une allusion au gazoduc russo-allemand Nord Stream 2 auquel Washington est opposé.

La Pologne et l’Ukraine - dont le président Volodymyr Zelensky a rencontré M. Pence dimanche à Varsovie - sont également hostiles à ce gazoduc, qu’elles considèrent comme un moyen de pression potentiel au service du Kremlin.

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Construction du Nord Stream 2 en juin dernier, dans la région de Léningrad.

Les États-Unis et la Pologne ont signé lundi une déclaration sur la sécurité des infrastructures numériques.

Ce document, a déclaré M. Pence, devrait «montrer l’exemple au reste de l’Europe sur la question vitale de la 5G».

Les États-Unis cherchent à convaincre leurs alliés de rejeter la technologie 5G développée par le groupe chinois Huawei, mettant en garde contre la possible collaboration entre ce dernier et les services de renseignement de Pékin.

En janvier, la Pologne a arrêté pour espionnage un ex-directeur Huawei, relâché sous caution en juillet.  

«Je veux dire clairement, oui, les services de contre-espionnage ont détecté certaines activités pouvant relever de l’espionnage. Cette question est actuellement examinée. Les services et le parquet polonais poursuivent leurs actions légales normalement», a déclaré le président polonais.

Le vice-président américain a également souligné, lors de la conférence de presse «l’importance de l’indépendance de la justice» en Pologne, alors qu’une série de réformes judiciaires introduites par le parti conservateur Droit et Justice (PiS) au pouvoir a provoqué des inquiétudes sur l’État de droit dans ce pays.

M. Pence a remplacé à Varsovie, lors des cérémonies du 80e anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale et de la visite officielle qui a suivi, le président Donald Trump, ce dernier ayant décidé de ne pas quitter les États-Unis en raison de la menace représentée par le puissant ouragan Dorian.

Selon une annonce faite par Donald Trump, sa visite reportée devrait avoir lieu «bientôt».