(Biarritz) La chic station balnéaire de Biarritz et sa région, dans le sud-ouest de la France, seront placées sous très haute sécurité pour le sommet du G7 de samedi à lundi, en pleine saison touristique, les autorités craignant des manifestations de «groupes violents».

La sécurité sera «un enjeu majeur pour la réussite de l’événement», avait prévenu Emmanuel Macron en mai, annonçant un dispositif «inédit» et «extrêmement lourd» pour la venue de Donald Trump, Boris Johnson, Angela Merkel et leurs homologues.

Quelque 13 200 policiers et gendarmes ont en effet été mobilisés, a indiqué mardi le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, qui a averti : «Nous ne tolérerons aucun débordement».

«Il y a d’ores et déjà plusieurs groupes violents, français et européens, qui se sont donné rendez-vous comme c’est malheureusement maintenant à chaque fois le cas, lors des G7 et des G20», avait affirmé le président Macron, précisant que les services de sécurité voulaient pouvoir «appréhender au plus tôt» d’éventuels manifestants potentiellement violents.  

AP

Des policiers anti-émeute sont présents devant l’Hôtel du Palais.

Un Allemand en route pour Biarritz a été arrêté début août dans le centre de la France lors d’un contrôle routier et expulsé en vertu d’une interdiction de territoire.  

Et lundi, cinq personnes, dont certaines appartiennent à la mouvance anarchiste Black Blocs, ont été interpellées pour des appels sur les réseaux sociaux à attaquer «un lieu d’hébergement» des gendarmes pendant le G7. Une seule restait en garde à vue mardi, selon le parquet de Tours.

Dans la cité qui a vu passer têtes couronnées et aristocrates depuis le XIXe siècle, plus de 5000 délégués, personnels techniques et journalistes sont attendus et deux périmètres ont été déterminés.

La zone 1 (dite de sécurité renforcée) comprend tous les lieux de rencontre des délégations et sera interdite aux véhicules et piétons non accrédités. Surfeurs et baigneurs ne pourront pas accéder à la Grande Plage, au-dessus de laquelle trône l’Hôtel du Palais où se réuniront les dirigeants.

Dans la zone 2 (dite de protection), les automobilistes seront tolérés à condition d’avoir obtenu une autorisation, et les piétons devront présenter une pièce d'identité.

«Ensuite, il y aura des cercles concentriques où le degré de sécurité est fort mais où les contraintes se relâchent», a expliqué Emmanuel Macron.

Commercants «dans le flou»

L’aéroport et la gare de Biarritz resteront fermés le temps du sommet, comme la gare de Bayonne. Des moyens anti-drones seront déployés et aucune manifestation n’est autorisée dans la ville et des agglomérations proches.  

Les organisations du «contre-sommet», qui attendent 12 000 personnes pour trois jours de conférences et ateliers (21-23 août), ont de ce fait choisi Hendaye, à la frontière espagnole, pour manifester le 24 août. Le lendemain, des actions «d’occupation des places publiques» sont prévues dans sept communes limitrophes de la cité balnéaire.

AFP

Des policiers opèrent un point de contrôle sur le pont Saint-Jacques, entre les villes française de Hendaye et espagnole d'Irun.

Les organisateurs ont assuré qu’ils n’entendaient provoquer aucune dégradation ni confrontation avec les forces de l’ordre. «S’il y a des violences répressives, nous opposerons des techniques de résistance non violentes», ont-ils déclaré.

Devant toutes ces mesures, commerçants et habitants exprimaient eux de l’inquiétude.

«On est dans le flou, on ne sait pas ce que ça va donner mais on sait que ce sera compliqué pour nous, notamment avec les fournisseurs», commente Marie Moreau, employée du café l’Amuse-Gueule dans la zone 2 de Biarritz.  

Nicolas Richer, chef du bar au restaurant Les Colonnes, près de la mairie, ne nie pas «le sacré coup de pub pour la ville» mais regrette, comme beaucoup de commerçants, le choix de la date. «Ça tombe dans le plus gros mois […] c’est notre plus grosse période».

À Bayonne, la ville voisine, c’est davantage le sujet des manifestations qui émeut, même si elles sont interdites.  

«La préfecture nous a conseillé de fermer pendant les trois jours du sommet, parce qu’on ne sait pas comment ça peut tourner. On a une grande terrasse et en plus, on a une banque juste en face, ils vont être les premiers visés», commente Mickael Grandclaude, gérant d’un restaurant du centre.