(Moscou) La police russe a annoncé jeudi l’arrestation de cinq personnes dans le cadre d’une enquête pour «troubles massifs» ouverte après une manifestation de l’opposition durement réprimée samedi à Moscou, qui s’est soldée par près de 1400 interpellations.

Les autorités avaient annoncé mardi l’ouverture de cette enquête pouvant aboutir à des peines de 15 ans de prison et d’une autre contre des manifestants pour «violences contre les forces de l’ordre».

Le Comité d’enquête russe, chargé des grandes affaires criminelles, avait affirmé mardi avoir identifié au moins 10 personnes ayant diffusé des «appels à participer» à la manifestation de samedi alors qu’elles savaient «sciemment que ces actions pouvaient mener à des troubles massifs».

Parmi les cinq personnes arrêtées jeudi se trouve Alexeï Miniaïlo, un conseiller de l’avocate anticorruption Lioubov Sobol. Le rejet de la candidature de Lioubov Sobol et d’autres opposants aux élections locales de septembre a été le déclencheur du mouvement de colère ayant provoqué les récentes manifestations à Moscou.

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Lioubov Sobol

«Qu’ils viennent, je n’ai pas peur. Nous allons gagner!», avait affirmé sur sa page Facebook Alexeï Miniaïlo avant son arrestation, tandis qu’une perquisition était effectuée dans son appartement la nuit précédente.

Alliée du principal opposant au Kremlin Alexeï Navalny, l’avocate Lioubov Sobol, 31 ans, est en grève de la faim depuis 19 jours pour protester contre le rejet de sa candidature à l’élection locale de septembre. Alexeï Miniaïlo a lui aussi cessé de s’alimenter.

Elle a déclaré qu’elle considérait l’arrestation de M. Miniaïlo comme une pression à son encontre. «Je n’abandonnerai pas et je continuerai de me battre pour nos droits», a-t-elle écrit sur Twitter.

La directrice de la chaîne de télévision libérale TV Rain, Natalia Sindeïeva, a annoncé jeudi que les services des impôts avaient ouvert une enquête sur ce média, qui a accordé aux Russes un accès gratuit à sa couverture de la manifestation du 27 juillet et à d’autres reportages.

Environ 1400 personnes dont une grande partie des principaux leaders de l’opposition et de potentiels candidats indépendants avaient été arrêtés samedi au cours d’une manifestation non autorisée devant la mairie de Moscou.

La plupart ont été rapidement relâchés mais selon OVD-Info, une ONG spécialisée dans le suivi des manifestations, «au moins 265 détenus ont passé deux nuits dans les postes de police». La justice russe a de son côté dit avoir ordonné une soixantaine de détentions provisoires et condamné plus de 160 personnes à des amendes.

Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, et plusieurs de ses alliés ont déjà été condamnés à de courtes peines de détention pour l’organisation de cette manifestation.

Selon OVD-Info, il s’agit du plus grand nombre d’interpellations depuis le mouvement de protestation de 2012 contre le retour au Kremlin de Vladimir Poutine.

L’opposition dénonce le rejet des candidatures indépendantes aux élections locales du 8 septembre, qui s’annoncent difficiles pour les candidats soutenant le pouvoir dans un contexte de grogne sociale.