(Londres) Les députés conservateurs britanniques déterminent jeudi qui, du ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt ou de celui de l’Environnement Michael Gove, se mesurera à Boris Johnson, champion des pro-Brexit, dans l’ultime étape de la course à la succession de la première ministre Theresa May.

Ancien maire de Londres et ex-ministre des Affaires étrangères de Mme May, Boris Johnson, tenant d’un Brexit dur, a confirmé une nouvelle fois son irrésistible ascension vers la plus haute marche du pouvoir en obtenant 157 voix des députés conservateurs, sur 311, lors du quatrième tour de vote jeudi matin.

« BoJo » avait déjà survolé les précédents rounds de ce scrutin, qui doit désigner les deux prétendants finalistes au poste de chef du Parti conservateur, à qui reviendront les clefs du 10 Downing Street, mais aussi l’épineux dossier du Brexit, programmé pour le 31 octobre.

Très loin derrière, Michael Gove a récolté 61 voix et Jeremy Hunt, 59. En dernière position avec 34 voix, le ministre de l’Intérieur Sajid Javid a quitté cette course au pouvoir, qui comptait initialement 10 candidats. Le résultat du 5e et dernier tour de vote, à l’issue duquel ils ne seront plus que deux, doit être annoncé vers 17 h GMT.

Un duel entre Michael Gove et Boris Johnson ne manquerait pas de sel, le premier ayant trahi le second en sabotant sa tentative de remporter Downing Street en 2016.

Boris Johnson, « inévitable »

Au cours des prochaines semaines, les finalistes sillonneront le pays pour présenter leur programme aux 160 000 membres du Parti conservateur, qui doivent les départager d’ici la fin juillet.  

Mais le suspense semble bien mince : pour « la plupart de ses collègues », il est « maintenant presque inévitable que (Boris Johnson) soit le prochain premier ministre britannique », souligne le quotidien The Guardian.

La mise en œuvre du Brexit sera la priorité absolue du nouveau chef de l’exécutif, trois ans après le référendum de juin 2016 qui avait vu les Britanniques voter à 52 % en faveur de ce divorce historique. Incapable d’y parvenir, usée par les critiques incessantes et complots dont elle a fait l’objet venant de son propre parti, Theresa May a démissionné le 7 juin de ses fonctions de chef du Parti conservateur, après trois rejets successifs par les députés de l’accord de retrait qu’elle a négocié avec Bruxelles.  

Sus au « no deal »

Dans un pays déboussolé par ces atermoiements, Boris Johnson, 55 ans, joue la carte de sauveur du Brexit, et se dit prêt à ferrailler pour renégocier cet accord, quand bien même Bruxelles a exclu cette éventualité. Lors d’un débat télévisé mardi soir, il a répété sa volonté de faire sortir son pays de l’Union européenne d’ici le 31 octobre, quitte à partir sans accord avec l’UE, sans s’engager toutefois à « garantir » un Brexit à cette date.  

Politicien habile et charismatique à l’ambition dévorante, il  jouit du soutien de nombreux militants de la base du Parti conservateur, qui voient en lui le chef idoine pour remettre le Brexit sur les rails. Et même si ses gaffes à répétition et son discours aux accents populistes agacent ses pairs, beaucoup le considèrent à présent comme un rempart au Parti du Brexit de l’europhobe Nigel Farage, grand vainqueur des élections européennes au Royaume-Uni, et à l’opposition travailliste de Jeremy Corbyn.  

Face à Boris Johnson, Jeremy Hunt, se pose en alternative « sérieuse », mettant en avant ses succès d’entrepreneur et sa longue carrière politique. Comme Michael Gove, il estime qu’un nouveau report du Brexit pourrait être nécessaire si un accord avec Bruxelles était à portée de main.  

Le ministre des Finances Philip Hammond ajoutera jeudi son grain de sel lors d’un discours devant des représentants du secteur bancaire, fustigeant ceux qui mettent en péril la « prospérité » du Royaume-Uni en brandissant la menace d’un « no deal », selon des extraits communiqués par ses services.