(Paris) « Notre-Dame de Paris est aussi un chef-d’œuvre du XIXe siècle », a souligné mercredi à l’Institut de France l’historien d’art Adrien Goetz, plaidant pour sa reconstruction à l’identique, lors d’une cérémonie d’hommages à la cathédrale incendiée.

Le chancelier de l’Institut de France, entouré notamment des secrétaires perpétuels des différentes académies françaises (Académie française, belles-lettres, sciences, beaux-arts, sciences morales et politiques), organisait cet hommage solennel à l’édifice incendié le 15 avril.  

« La flèche dessinée par Viollet-le-Duc […] donne au bâtiment qui menaçait ruine en 1830 une forme que chacun peut identifier : les deux piliers que sont les tours ne se comprennent plus sans cette flèche tendue vers le ciel », a argumenté l’historien, membre de l’Académie des beaux-arts.  

L’architecte français Viollet-le-Duc (1814-1879), qui oeuvra activement pour la restauration des monuments médiévaux, « possède une œuvre, il faut nous battre pour elle jusqu’à la dernière gargouille […] », a estimé Adrien Goetz. « Pourquoi le XIXe siècle serait-il un moins grand siècle que le XIIe et le XIIIe ? Allons-nous laisser détruire cette création si puissante », a-t-il critiqué, alors que le président français Emmanuel Macron s’est prononcé pour une « reconstruction inventive » de la flèche.

« Si la flèche du Mont-Saint-Michel tombait, avec l’archange sculpté par Frémiet, hésiterait-on à la reconstruire à l’identique sous prétexte qu’elle ne date pas du Moyen Age ? », a-t-il ajouté.

« L’incendie de Notre-Dame a prouvé à quel point la cathédrale est la plus magistrale réussite de cet âge qui alliait l’amour du passé et l’éloge du peuple en révolution ».  

Pour le rabbin français Haïm Korsia, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, « nul doute que les bâtisseurs de Notre-Dame aient eu à l’esprit […] ce désir impérieux de sublimer leurs savoir-faire, d’élever vers les cieux cette flèche comme un signal de rencontre et d’espérance ».

Il faut, a-t-il plaidé, « redonner à cette cathédrale la possibilité de faire monter vers l’Eternel la prière de l’humanité ; rouvrir à tous ce point de ralliement essentiel d’où part symboliquement le rayonnement de la France, celui de ses routes et de ses espérances ».