(Paris) Ravagée lundi par un incendie, apparemment accidentel, la cathédrale Notre-Dame de Paris est défigurée mais ne s’est pas totalement effondrée grâce à l’intervention des pompiers qui ont sauvé la structure de l’édifice, qu’Emmanuel Macron a promis de « rebâtir ».

« Le pire a été évité même si la bataille n’est pas encore totalement gagnée », a déclaré le président français sur le parvis de l’édifice sinistré. Mais « cette cathédrale, nous la rebâtirons », a-t-il promis.

La structure de Notre-Dame « est sauvée et préservée », ont annoncé vers 23 h les pompiers, qui déplorent un blessé grave dans leurs rangs. Mais la flèche qui surplombait ce joyau gothique et ses vitraux centenaires n’ont pas résisté aux flammes.

Aux environs de minuit, le feu avait baissé en intensité, mais les lances à eau continuaient sans relâche à arroser le bâtiment, a constaté une journaliste de l’AFP, tandis que les rues se vidaient de la foule venue observer les flammes, parfois prier ou chanter.

L’incendie s’est déclaré peu avant 19 h et s’est propagé à grande vitesse, emportant la toiture de la cathédrale construite entre le XIIe et le XIVe siècle au cœur de la capitale. Il a pris dans les combles de l’édifice, ont indiqué les pompiers, évoquant « un feu difficile ». Il semble être parti au niveau d’échafaudages installés sur son toit.

Monument historique le plus visité d’Europe, la cathédrale gothique est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1991.  Entre 12 à 14 millions de touristes visitent chaque année ce chef-d’œuvre de l’architecture gothique situé sur l’île de la Cité et des milliers de personnes, Parisiens et touristes, ont assisté au désastre.

Enquête ouverte

Une course contre la montre s’était engagée en début de soirée à Paris pour tenter de maîtriser ce violent incendie.

L’effroi et une immense tristesse se sont emparés de milliers de Parisiens et touristes rassemblées à proximité de cette cathédrale, véritable ADN de la capitale française, sidérés par les flammes intenses et jaunes ravageant le monument et l’odeur de brûlé envahissant les rues.

« La physionomie de Paris va changer, c’est terrible », a dit Marie, retraitée parisienne qui vit à quelques rues de la Seine.

« Un haut-lieu de la foi catholique est en train de brûler », a déploré auprès de l’AFP le porte-parole des évêques de France. Reliques conservées au sein de l’édifice, la couronne d’épines et la tunique de saint Louis ont toutefois pu être sauvées, selon le recteur de la cathédrale, Patrick Chauvet.

Une enquête a été ouverte du chef de « destruction involontaire par incendie », a précisé dans la soirée le parquet de Paris. La piste d’un départ de feu accidentel depuis le chantier de rénovation en cours sur le toit de la cathédrale « retient l’attention des enquêteurs en l’état des investigations », a précisé une source proche du dossier. Les ouvriers du chantier étaient entendus lundi soir par les enquêteurs, selon le parquet de Paris.

La cathédrale célébrée par Victor Hugo, l’une des plus grandes d’Occident, est depuis son origine l’un des monuments les plus emblématiques de la ville et mondialement connu. Notre-Dame est intimement mêlée à l’histoire des Parisiens : c’est son gros bourdon qui, le 24 août 1944, leur annonce la Libération du joug nazi et qui, 26 ans plus tard, accueille les obsèques du chef de la Résistance, le général Charles de Gaulle.

Les images très impressionnantes de l’incendie, et en particulier de l’effondrement de la célèbre flèche-dressée sur les quatre piliers du transept avec ses 93 mètres de haut-et d’une partie de la toiture, diffusées en direct par télévisions et réseaux sociaux dans le monde, ont provoqué une émotion internationale.

Collecte nationale

« Symbole de la France », une catastrophe « terrible à voir », des « scènes déchirantes » : de Berlin, Londres, Washington et d’autres capitales, du Vatican ou de Jérusalem, du Brésil, de Grèce ou de Turquie, les réactions se sont multipliées lundi soir.

Le Vatican a exprimé son « incrédulité » et sa « tristesse » lundi soir, évoquant un « symbole de la chrétienté, en France et dans le monde ».

L’Organisation des Nations unies pour la culture, l’UNESCO, se tient aux « côtés de la France pour sauvegarder et réhabiliter ce patrimoine inestimable » qu’est la cathédrale Notre-Dame, a tweeté sa directrice générale Audrey Azoulay.

La Fondation du patrimoine, organisation privée qui œuvre à la sauvegarde du patrimoine français, va lancer mardi une « collecte nationale » pour la reconstruction de la cathédrale, a-t-elle annoncé dans un communiqué à l’AFP.

« On va être partis pour des années de travaux », a déclaré sur Twitter le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Eric de Moulins-Beaufort.

La France est un État officiellement laïc mais de tradition catholique, et Notre-Dame fait partie de l’identité profonde des Français, comme en témoigne les Une des quotidiens français de mardi : « NOTRE DRAME » pour le journal de gauche Libération, « Le cœur en cendres » pour le quotidien catholique La Croix, ou « Notre-Dame des Larmes » pour Le Parisien.  

La famille Pinault débloque 100 millions d'euros

La société d’investissement de la famille Pinault, Artemis, va débloquer 100 millions d’euros pour participer à la reconstruction de Notre-Dame de Paris, ravagée lundi soir par les flammes, a annoncé dans un communiqué à l’AFP son président François-Henri Pinault.

« Cette tragédie frappe tous les Français et bien au delà tous ceux qui sont attachés aux valeurs spirituelles. Face à un tel drame, chacun souhaite redonner vie au plus vite à ce joyau de notre patrimoine », écrit le président de la holding familiale et du groupe de luxe Kering.

« Mon père (François Pinault, NDLR) et moi même avons décidé de débloquer dès à présent sur les fonds d’Artemis une somme de 100 millions d’euros pour participer à l’effort qui sera nécessaire à la reconstruction complète de Notre Dame », écritconclut-il.

Artemis est le bras armé de l’empire fondé par François Pinault, aujourd’hui âgé de 82 ans et troisième fortune de France. La société, fondée en 1992, est dirigée par François-Henri Pinault depuis 2003.

Autodidacte, François Pinault est devenu un influent collectionneur d’art contemporain dans le monde après avoir été l’un des plus puissants entrepreneurs du pays.