Un procureur turc a ouvert vendredi une enquête contre un célèbre journaliste de la chaîne de télévision Fox News Turquie, moins de deux semaines après que le président Recep Tayyip Erdogan l'eut sermonné pour des commentaires sur les Gilets jaunes en France, selon des journaux.

Fatih Portakal est soupçonné d'« ouvertement inciter à commettre un crime » après s'être demandé le 10 décembre sur Twitter si les Turcs pourraient protester à l'image des Gilets jaunes français, ont écrit les quotidiens Hurriyet et Milliyet.

« Allez, faisons une (action de) protestation pacifique contre les hausses (de prix), les hausses du (prix du) gaz naturel. Allez, faisons-le. Serions-nous capables de le faire ? », s'était interrogé ce journaliste, qui est suivi par plus de six millions de personnes sur cette messagerie.

« Pour l'amour de Dieu, dites-moi combien de personnes sortiraient ? », avait ajouté Fatih Portakal pendant un programme d'information.

Il s'interrogeait sur les craintes de la population turque à protester à la lumière des interventions musclées de la police contre des manifestations antigouvernementales, comme celles de 2013, pour lesquelles M. Erdogan a été critiqué.

Les propos du journaliste avaient alors été interprétés par les autorités turques comme étant un appel à manifester sur fond de forte inflation en Turquie, les prix à la consommation ayant augmenté de plus de 25 % en octobre sur un an puis de 21,62 % en novembre.  

Il avait fait ses commentaires pendant qu'étaient diffusées des informations sur le mouvement français des « Gilets jaunes », né pour dénoncer la hausse des prix de l'essence avant de se transformer en actions de protestation contre le gouvernement.

Le président turc avait quelques jours plus tard qualifié Fatih Portakal de personne « immorale », assurant que : « la justice fournira la réponse nécessaire, je crois cela ».

Au début de la semaine, l'autorité turque de l'audiovisuel RTUK a infligé une amende d'un montant non révélé à Fox News Turquie qui accorde une couverture plus large que les autres principales chaînes de télévision aux partis d'opposition.

Les occidentaux et les défenseurs des droits de l'homme ont exprimé leurs préoccupations concernant le respect de la liberté d'expression sous la présidence de M. Erdogan, des dizaines de journalistes et de militants ayant été emprisonnés.