L'ambassadeur d'Iran à Tirana et un autre diplomate iranien ont été expulsés pour leur implication «dans des activités nuisant à la sécurité» nationale, a-t-on annoncé mercredi de sources officielles albanaise et américaine.

«L'activité des diplomates iraniens est contraire au statut diplomatique et la décision de les déclarer persona non grata a été prise après des consultations avec des pays alliés», a déclaré à la presse la porte-parole du ministère, Edlira Prendi.

Aucune information sur ces activités des deux diplomates n'a été fournie à Tirana. Le ministère a également refusé de révéler les noms des suspects et leurs fonctions.

Cependant, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Bolton, a annoncé dans un tweet qu'il s'agit de l'ambassadeur iranien.

«Le premier ministre albanais Edi Rama vient d'expulser l'ambassadeur iranien, signalant aux dirigeants de l'Iran que leur soutien au terrorisme ne sera pas toléré», lit-on dans le message de John Bolton.

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a de son côté salué la décision du chef du gouvernement albanais d'expulser «deux agents iraniens qui préparaient une attaque terroriste en Albanie».

Selon la chaîne de télévision albanaise privée Top Channel, les deux diplomates sont soupçonnés d'être liés à la préparation par des islamistes d'une attaque terroriste déjouée en novembre 2016, lors d'un match de soccer des sélections albanaise et israélienne.

Ce match, comptant pour les qualifications du Mondial-2018, aurait dû être disputé à Shkodra, dans le nord de l'Albanie, mais il a finalement eu lieu à Elbasan, pour des raisons de sécurité.

Une vingtaine de suspects avaient alors été arrêtés en Albanie et au Kosovo.

Huit islamistes, sept Albanais kosovars et un Albanais de Macédoine, ont été condamnés en mai par un tribunal au Kosovo à des peines allant jusqu'à 10 ans de prison pour avoir préparé cette attaque contre la sélection de football israélienne et ses supporteurs. Deux d'entre eux avaient plaidé coupable.

Les relations entre l'Albanie et l'Iran sont considérées comme «correctes» par Tirana. Le ministre albanais des Affaires étrangères, Ditmir Bushati, s'était rendu en janvier 2017 à Téhéran. Lors de cette visite, les deux pays s'étaient engagés à renforcer leurs relations.

À la demande des États-Unis et de l'ONU, l'Albanie a accueilli depuis 2013 environ 3000 membres du groupe d'opposition iranien les Moudjahidine du peuple d'Iran (OMPI) qui se trouvaient en Irak.

Ils vivent actuellement dans un campement dans le nord-ouest de l'Albanie.

Fondés en 1965 avec l'objectif de renverser le régime du shah puis le régime islamique après la Révolution de 1979, les Moudjahidine ont été chassés d'Iran dans les années 1980 et ont été accueillis en Irak par l'ex-président Saddam Hussein.

Le dernier groupe avait quitté l'Irak en septembre 2016.