La tension est montée jeudi au sein du parti conservateur allemand sur le cap à choisir après le départ prévu d'Angela Merkel, en ouverture d'un congrès qui doit désigner la personne qui lui succèdera à sa tête.
La chancelière a été contrainte de se retirer de la présidence de l'Union démocrate-chrétienne (CDU) après des revers électoraux à l'automne, première étape de sa sortie du pouvoir prévue en principe en 2021.
Les 1001 délégués du mouvement, qui se réunissent à partir de jeudi après-midi en congrès à Hambourg jusqu'à samedi, doivent désigner le nouveau président du parti parmi trois candidats, dont deux -Friedrich Merz et Jens Spahn-entendent rompre avec la ligne centriste d'Angela Merkel et prônent un virage à droite.
L'issue reste très incertaine notamment entre M. Merz et une fidèle de la chancelière, Annegret Kramp-Karrenbauer.
Alors que les caciques du parti avaient jusqu'ici évité de se prononcer pour l'un des candidats pour ne pas semer la zizanie, la trêve a été subitement rompue à la veille du congrès.
Le ministre de l'Économie Peter Altmaier, un proche de la chancelière, a reproché jeudi à Wolfgang Schäuble, président de la chambre des députés et figure historique de la CDU, d'avoir annoncé la veille son soutien à Friedrich Merz, 63 ans.
Il en a du coup profité pour officialiser son soutien à sa rivale, Annegret Kramp-Karrenbauer.
« Puisque Wolfgang Schäuble a maintenant brisé la digue, je peux le dire : je suis convaincu qu'avec Annegret Kramp-Karrenbauer, nous avons la meilleure chance d'unir la CDU et de gagner les élections », a affirmé M. Altmaier dans une entrevue au quotidien régional Rheinische Post.
M. Schäuble a annoncé son soutien au rival de Mme Merkel, en critiquant indirectement mais durement la politique suivie jusqu'ici par la chancelière.
Merz est un homme politique « qui envoie des signaux clairs avec des concepts clairs, qui a le courage de ne pas se contenter d'attendre la fin d'une discussion » pour prendre position, « mais de l'orienter », a dit l'ancien ministre des Finances.
Mme Kramp-Karrenbauer a tenté de désamorcer cette polémique jeudi en estimant que M. Schaüble était « dans son droit » d'apporter publiquement son soutien à M. Merz.
Mais elle a dans le même temps appelé sa famille politique à « rester soudée après » l'élection du nouveau président du parti qui devrait intervenir vendredi dans l'après-midi.
Un autre poids lourd du parti, Armin Laschet, président de la très influente région Rhénanie-du-Nord-Westphalie, a aussi mis en garde contre une brouille interne.
« Nous devons tout faire pour éviter cela », a-t-il déclaré.