La compagnie de chemin de fer nationale des Pays-Bas va, pour la première fois, indemniser les proches de Juifs déportés vers les camps de concentration nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, a annoncé mardi l'entreprise.

Cette annonce survient après des discussions entre le dirigeant de la société nationale Nederlandse Spoorwegen (NS), Roger van Boxtel, et l'ancien physiothérapeute de l'équipe de soccer d'Amsterdam, Ajax, Salo Muller, qui a perdu ses deux parents pendant la guerre.

M. Muller milite depuis 2017 pour une indemnisation de la part de la NS, qui a transporté ses parents en train depuis Amsterdam vers le camp de transit de Westerbork, dans le nord-est des Pays-Bas. Depuis cet endroit, ils ont ensuite été envoyés vers le camp d'extermination d'Auschwitz, en Pologne.

La NS a donc décidé de «mettre en place une commission» afin de «déterminer comment la NS, pour des raisons morales, peut verser des indemnités individuelles», a annoncé la société dans un communiqué.

Comme nombre d'autres entreprises néerlandaises, la NS a poursuivi ses activités au service des occupants nazis après l'invasion du pays par l'Allemagne en mai 1940, gagnant l'équivalent de millions d'euros en transportant des familles juives vers Westerbork, selon la chaîne de télévision nationale NOS.

«La NS a obéi aux ordres des Allemands de mettre des trains à leur disposition. Les Allemands ont payé pour cela, et la NS devait s'assurer que les trains soient à l'heure», a expliqué à la NOS Dirk Mulder, du Centre pour la Mémoire de Westerbork.

Au total, quelque 107 000 des 140 000 juifs habitant aux Pays-Bas ont été acheminés à Westerbork avant d'être envoyés vers des camps de la mort comme Auschwitz, Sobibor et Bergen-Belsen.

Anne Frank, adolescente juive connue pour son journal intime, a notamment été emmenée à Westerbork début août 1944 après avoir été dénoncée puis arrêtée par la Gestapo.

L'entreprise s'est officiellement excusée en 2005 pour ses actes pendant la Seconde Guerre mondiale, mais aucune indemnité n'avait été versée jusqu'à maintenant.

«C'était une période sombre de l'histoire de notre pays et aussi de notre compagnie. C'est un passé que nous ne pouvons ignorer», a indiqué la NS.