Le rappeur russe Husky, aux textes parfois critiques des autorités, a été libéré lundi de façon inattendue, quatre jours après une condamnation à de la prison pour un concert donné dans la rue, a annoncé son avocat.

Arrêté mercredi soir par la police pendant qu'il chantait sur le toit d'une voiture devant des dizaines de personnes à Krasnodar, dans le sud-ouest de la Russie, ce rappeur de 25 ans avait été condamné jeudi à 12 jours de prison pour «hooliganisme».

Très connu en Russie depuis deux ans, Husky, de son vrai nom Dmitri Kouznetsov, avait dénoncé avant son arrestation l'annulation de plusieurs de ses concerts, selon lui sous la pression des autorités.

«Le tribunal (de Krasnodar) a pris en compte une demande des avocats de Husky et annulé sa peine de 12 jours de prison», a expliqué son avocat, Alexeï Avanessian, sur sa page Facebook. L'avocat a également posté un court document du tribunal dans lequel il est écrit que cette décision, inattendue, a été motivée par «des circonstances personnelles exceptionnelles».

Selon lui, le jugement visant Husky n'a pas été annulé mais sa peine allégée.  

Trois stars du rap russe - Oxxxymiron, Basta et Noize MC, dont les clips totalisent tous plusieurs dizaines de millions de vues sur YouTube - ont tout de même donné un concert lundi soir dans une salle de Moscou en soutien à leur collègue Husky.

Soutien de Navalny

L'opposant au Kremlin Alexeï Navalny, présent au concert où il a posé pour des selfies, avait avancé plus tôt sur son compte Twitter qu'Husky avait été libéré face aux nombreuses réactions négatives ayant suivi son arrestation. «Le Kremlin ne s'attendait pas à une telle réaction d'unité», a-t-il affirmé.

L'événement, qui a fait salle comble, a permis de lever des fonds pour Husky. Il s'agissait d'y défendre la «liberté de créativité», a dit au public Oxxxymiron, l'organisateur du concert.

Celui-ci a également déploré «la situation de la musique dans notre pays, qui n'est pas en train d'aller dans la meilleure direction, pour utiliser un euphémisme».

Husky dépeint dans ses morceaux très écrits, dont les clips totalisent plusieurs millions de vues sur YouTube, une Russie sombre et anxiogène, entre consommation de drogue, violence et pauvreté.

Passé par la faculté de journalisme de la prestigieuse Université de Moscou, il a également joué dans des pièces du metteur en scène Kirill Serebrennikov, actuellement jugé pour une affaire de détournement de fonds qu'il rejette.

Né en Sibérie orientale, cet homme de 25 ans avait consacré une de ses premières chansons, écrite alors qu'il était encore à l'école, à critiquer le président Vladimir Poutine. Il n'est cependant pas un opposant de premier plan, ayant exprimé sa sympathie envers les séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine.   

Le milieu de la culture subit une pression croissante ces dernières années sous l'influence des milieux conservateurs ou orthodoxes, certains spectacles étant attaqués par des militants de ces mouvances voire interdits par les autorités.

AP

Husky en attente de son audience en cour, jeudi dernier.