La justice s'est opposée à la création du premier syndicat de travailleuses du sexe en Espagne, qui avait reçu en août le feu vert de l'administration à l'insu du gouvernement.

Le haut tribunal de l'Audience nationale a annoncé dans un communiqué diffusé mercredi avoir annulé les statuts de ce syndicat baptisé « Organisation des Travailleurs du sexe » (OTRAS).

Il a en effet jugé que l'on ne pouvait admettre qu'un syndicat défende des membres effectuant des « activités comme la prostitution pour le compte d'un tiers qui, de par leur nature, ne peuvent être l'objet d'un contrat de travail valide ».

Autoriser ce syndicat reviendrait par ailleurs selon le tribunal à « admettre que le proxénétisme [...] est une activité légale ».

Le syndicat OTRAS mettait quant à lui en avant le fait qu'il ne regroupe pas que des prostituées mais aussi des acteurs porno ou des personnes travaillant dans des centres de téléphone rose.  

Mais selon le tribunal, le simple fait qu'il n'exclue pas les personnes travaillant dans la prostitution entraîne son « illégalité manifeste ».

Le syndicat, dont les membres se réuniront samedi à Barcelone pour définir leur organisation, a annoncé lors d'une conférence de presse dans la métropole catalane qu'il allait déposer un recours contre cette décision et défendu de nouveau le droit des travailleuses du sexe à disposer d'un syndicat.

« Au XIXe siècle, il n'y avait pas de syndicats dans l'hôtellerie, dans les mines ou dans l'industrie », a argumenté sa secrétaire générale Concha Borrell.

La création de ce syndicat avait été au centre d'un imbroglio l'été dernier qui avait fait réagir jusqu'au chef du gouvernement Pedro Sanchez.

Les statuts d'OTRAS avaient reçu début août le feu vert de la direction générale du ministère du Travail et avaient été publiés au journal officiel.

Mais trois semaines plus tard, le gouvernement, très contrarié, s'en était aperçu à son retour de vacances et avait entamé les démarches pour le faire annuler.

« Ils m'ont mis un but en pleine lucarne et ça, quand tu es en politique et que tu tentes d'être responsable de ce que tu as entre les mains, c'est très dur », avait alors déclaré la ministre du Travail Magdalena Valerio, qui avait reconnu avoir vécu la « plus grande contrariété [...] de (sa) vie professionnelle et politique ».