Près de 70 chefs d'État et de gouvernement seront réunis dimanche à Paris pour célébrer le centenaire de l'armistice de la Grande Guerre, un rassemblement hors norme qu'Emmanuel Macron veut mettre à profit pour vanter le multilatéralisme dans les relations internationales.

Justin Trudeau, Donald Trump, Angela Merkel, Vladimir Poutine, Benyamin Nétanyahou, Recep Tayyip Erdogan, Mohammed VI, Denis Sassou Nguesso... Les dizaines de dignitaires arriveront à partir de 8 h (3 h HE) au palais présidentiel de l'Élysée, où les accueillera Emmanuel Macron, ordonnateur de ce symposium international dans un Paris quadrillé par près de 10 000 membres des forces de l'ordre.

Puis, tous partiront vers l'emblématique Arc de Triomphe, en haut de la célèbre avenue des Champs-Elysées, sous lequel gît le soldat inconnu et brûle perpétuellement sa flamme du souvenir, rappelant l'ampleur d'un conflit qui a fait 18 millions de morts.

La dernière fois que Paris a accueilli autant de dignitaires remonte au 11 janvier 2015 après les attentats islamistes contre Charlie Hebdo et le magasin juif Hyper Cacher.

Après un cérémonial militaire, les dignitaires se regrouperont au pied de l'Arc de Triomphe, sous un abri installé pour l'occasion (la météo s'annonce pluvieuse).

Le célèbre violoncelliste américain Yo-Yo Ma interprètera la Sarabande de la Suite n°5 pour violoncelle en do mineur de Jean-Sébastien Bach, la chanteuse Angélique Kidjo chantera en hommage aux troupes coloniales, des lycéens liront des témoignages de 1918, et Emmanuel Macron prononcera un discours, puis ravivera la flamme au son du Boléro de Ravel.

Le président français parlera à cette fameuse assemblée du passé, mais aussi, et surtout, il en profitera pour livrer son message politique en faveur du multilatéralisme dans la gouvernance internationale, à l'heure où de plus en plus de pays semblent enclins à lui tourner le dos, les États-Unis, première puissance mondiale, au premier rang.

« Il s'agit de faire résonner le 11 novembre 1918 avec le 11 novembre 2018 », selon une source de la présidence française, pour qui la cérémonie doit avoir « un sens pour aujourd'hui ».

Des hommes comme Donald Trump ou Vladimir Poutine écouteront le président français vanter un modèle multilatéral qu'ils critiquent ou ignorent.

Forum sur la paix

Quand le clairon aura joué « la sonnerie du cessez-le-feu », les dignitaires repartiront en direction du palais présidentiel pour un déjeuner, avant que certains d'entre eux ne se rendent au Forum de Paris sur la paix, attaquant la deuxième partie de cette journée point d'orgue pour Emmanuel Macron, après une semaine de commémorations en France.

À la grande halle de la Villette, dans l'est parisien, chefs d'État et de gouvernement, mais aussi représentants d'ONG, entrepreneurs et membres de la société civile, débattront de la gouvernance mondiale avec, là encore, un message politique clair en faveur du multilatéralisme, ce socle idéologique des relations internationales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Ils devront à l'issue du forum promouvoir des projets et des « solutions concrètes aux problèmes transfrontaliers ».

Car, l'une des idées-forces est de démontrer « la capacité des instruments du multilatéralisme à aider les gens », selon l'un des organisateurs, alors que de plus en plus de dirigeants et d'électeurs de par le monde semblent douter de l'efficacité du modèle à les préserver de certains méfaits de la mondialisation.

Plusieurs de ses plus fervents défenseurs, dont Emmanuel Macron, Angela Merkel, Justin Trudeau et Antonio Guterres, plaideront pro domo devant une assistance globalement acquise.

Mais, le premier contempteur de ce mode de gouvernance, Donald Trump, a choisi de ne pas assister à ce forum, qui durera jusqu'à mardi (sans les chefs d'État).  

À la place, le président américain se rendra au cimetière américain de Suresnes, juste à côté de Paris, pour rendre hommage à ses concitoyens tombés au front.  

Arrivé vendredi soir, il s'était entretenu samedi matin en tête à tête avec Emmanuel Macron, notamment pour aplanir une divergence sur le défense européenne. Samedi après-midi, il avait annulé un déplacement au cimetière américain du Bois Belleau en raison du mauvais temps, qui clouait son hélicoptère au sol, s'attirant des critiques, comme celle d'un ancien conseiller de Barack Obama.

Aucun défilé d'opposants à l'un ou l'autre de ces chefs d'État et de gouvernement n'est prévue dans la capitale française, uniquement quelques rassemblements, dont un contre Donald Trump dimanche en début d'après-midi. Samedi, seuls quelques dizaines de manifestants s'étaient réunis contre la présence des présidents russe et djiboutien.