La Russie a introduit jeudi des sanctions économiques, présentées comme des mesures de représailles, contre près de 400 personnalités et entreprises ukrainiennes, dans un nouvel épisode des tensions croissantes entre Kiev et Moscou depuis cinq ans.

Selon un décret signé par le premier ministre Dmitri Medvedev, 322 individus et 68 entités légales ukrainiens verront leurs actifs en Russie gelés, notamment le ministre ukrainien de l'Intérieur ou l'ex-première ministre Ioulia Timochenko, candidate à la présidentielle prévue en 2019.

« Ce sont des mesures réciproques, la Russie n'est pas à l'origine d'un tel échange de restrictions. C'est une mesure contrainte, une réponse aux démarches entreprises par la partie ukrainienne », a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

« Nous espérons que, tôt ou tard, la volonté politique de normaliser les relations avec la Russie commencera à germer en Ukraine. Ce n'est pas le cas pour l'instant », a-t-il ajouté.

« La décision russe n'était pas inattendue. À quelques exceptions près, il s'agit d'une liste de personnes très dignes, dont mon fils, des députés », a réagi le président ukrainien Petro Porochenko lors d'une conférence de presse à l'occasion de la visite de la chancelière allemande Angela Merkel à Kiev. « Être sur cette liste, c'est comme une récompense nationale ».

Les relations entre Moscou et Kiev ne cessent de se dégrader depuis l'arrivée au pouvoir de pro-occidentaux en Ukraine début 2014 à l'issue du soulèvement du Maïdan contre le président prorusse de l'époque, suivi de l'annexion de la Crimée puis d'un conflit dans l'Est ukrainien.

Kiev n'a cessé de prendre des mesures limitant ses relations économiques et commerciales avec la Russie, partenaire clé depuis l'éclatement de l'URSS il y a plus de 25 ans.

Les sanctions russes annoncées jeudi visent des juges, des députés ou des hommes d'affaires, mais aussi des membres de l'administration présidentielle et des entreprises ukrainiennes.

On y trouve notamment le fils aîné du président Petro Porochenko, ainsi que les anciens premiers ministres Arseni Iatseniouk et Ioulia Timochenko, qui devrait être la principale adversaire de Petro Porochenko à l'élection présidentielle de 2019.

Ces sanctions prendront la forme d'un gel des comptes et des actifs des concernés sur le territoire russe, ainsi que de l'interdiction d'exporter du capital de Russie. Selon Moscou, ces sanctions sont dues « aux actions inamicales de l'Ukraine contre des citoyens russes et des entités légales » russes.

« Pour être honnête, je me fiche des sanctions du Kremlin. Je n'ai de business ni ici ni là-bas, et je n'en aurai pas, » a réagi Ioulia Timochenko sur Facebook.

« Je serais fâché si je n'étais pas sur la liste des sanctions », a raillé le ministre de l'Infrastructure ukrainien Volodymyr Omelyan, également sur Facebook. « C'est bien et même honorable de figurer dessus ».

La guerre entre séparatistes pro-russes et armée ukrainienne a fait plus de 10 000 morts depuis 2014. Kiev et l'Occident accusent la Russie de soutenir militairement les rebelles, ce que Moscou dément.