Le Danemark a annoncé mardi le rappel de son ambassadeur à Téhéran après avoir déjoué un projet d'« attaque » sur son sol contre des opposants iraniens, en représailles à un récent attentat meurtrier en Iran.

« Le Danemark ne peut en aucune façon tolérer que des individus liés aux services de renseignement iraniens fomentent des attaques contre des personnes » sur son territoire, a déclaré le chef de la diplomatie danoise Anders Samuelsen, lors d'une conférence de presse à Copenhague.

« C'est le gouvernement iranien, c'est l'État iranien qui est derrière » ce projet, a-t-il ajouté.

L'ambassadeur d'Iran à Copenhague a été convoqué dans l'après-midi au ministère des Affaires étrangères.

« Le ministère iranien des Affaires étrangères rejette fermement les rapports biaisés qui ont accusé l'Iran de fomenter une tentative d'assassinat infructueuse contre une figure de l'opposition », a écrit l'ambassade dans un communiqué publié dans la soirée sur son site internet.

Selon les services du renseignement du pays scandinave, au moins un individu lié au renseignement iranien, arrêté le 21 octobre, projetait un attentat contre trois membres présumés du Mouvement arabe de lutte pour la libération d'Ahvaz résidant au Danemark.

Ce mouvement est soupçonné par Téhéran d'avoir participé à un attentat contre un défilé militaire qui avait fait 24 morts le 22 septembre à Ahvaz, capitale de la province iranienne du Khouzestan à majorité arabe, près de la frontière irakienne.

Fin septembre, Téhéran avait accusé le Danemark, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne « d'héberger certains membres du groupe terroriste » que l'Iran accuse d'être responsable de l'attentat.

Le chef du Renseignement danois (PET), Finn Borch Andersen, a révélé mardi matin qu'un Norvégien d'origine iranienne avait été arrêté le 21 octobre et placé en détention. Selon la Sûreté suédoise, il a été arrêté à Göteborg.

L'attentat d'Ahvaz a été perpétré par un commando de cinq personnes qui ont ouvert le feu sur un défilé militaire avant d'être abattues. L'attentat a été revendiqué séparément par le groupe djihadiste État islamique (EI) et par un groupe séparatiste arabe.

L'Iran a depuis mené plusieurs opérations en Irak et en Syrie en représailles.

La menace de nouvelles sanctions

Le premier ministre danois Lars Lokke Rasmussen a jugé sur son compte Twitter « inacceptable que l'Iran ou tout autre État étranger fomente des assassinats sur le sol danois » et indiqué que « des mesures contre l'Iran [seraient] discutées au sein de l'Union européenne ».

Depuis Oslo, où il participait à une rencontre de dirigeants d'Europe du nord, M. Rasmussen a rencontré son homologue britannique Theresa May qui selon lui a apporté « son soutien » au Danemark dans cette affaire.

« En étroite coopération avec le Royaume-Uni et d'autre pays, nous ferons face à l'Iran », a-t-il ajouté.

Son chef de la diplomatie a précisé qu'il évoquerait « dans les jours à venir » avec les « alliés et partenaires » du Danemark « d'éventuelles mesures » à l'encontre de Téhéran.

Le projet d'attentat au Danemark rappelle l'annonce fin juin des autorités françaises, selon lesquelles elles avaient déjoué un attentat organisé par les services de renseignements de Téhéran et visant un rassemblement en France d'un groupe d'opposants iraniens.

Un couple belge d'origine iranienne avait notamment été arrêté à Bruxelles en possession de 500 grammes de TATP, un explosif artisanal très instable, et un diplomate iranien, contact de ce couple, avait été interpellé en Allemagne.

Sur Twitter, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a « félicité » le Danemark, membre de l'OTAN, pour l'arrestation « d'un assassin du régime iranien ».

Il a appelé les alliés des États-Unis à « faire face à l'ensemble des menaces de l'Iran contre la paix et la sécurité ». « Depuis 40 ans, l'Europe est la cible d'attaques terroristes sponsorisées par l'Iran », a-t-il ajouté.

Américains et Européens sont néanmoins divisés sur leur politique iranienne.

Les États-Unis se sont retirés en mai de l'accord international sur le nucléaire iranien et ont rétabli une première série de sanctions contre Téhéran en août. Une deuxième vague doit suivre le 5 novembre.

Les pays de l'Union européenne, ainsi que les Chinois et les Russes, ont dit de leur côté vouloir préserver l'accord de Vienne conclu en 2015 et travailler avec l'Iran pour lui permettre de bénéficier de ses retombées économiques.

Les révélations des autorités danoises sur l'attentat déjoué interviennent après des semaines de spéculations médiatiques sur la paralysie partielle du Danemark le 28 septembre.

Les ponts entre les différentes îles du pays et avec la Suède avaient été fermés quelques heures par une chasse à l'homme d'une ampleur inédite, avec la mobilisation de centaines de policiers et de militaires. Il s'agissait alors de prévenir l'opération iranienne, a reconnu mardi le chef du Renseignement danois.