Un homme grièvement blessé, 7000 foyers encore privés d'électricité : après le passage de la tempête Adrian sur la Corse, l'île de Beauté faisait le bilan mardi des dégâts provoqués par des rafales à 160 km/h.

Un pompier à la retraite de 70 ans a été grièvement blessé lundi soir par un morceau de portail emporté par le vent, en Balagne, dans le nord-ouest de l'île, a-t-on appris auprès de la préfecture. Victime d'un traumatisme crânien, il a été transféré à Calvi. Son pronostic vital n'était pas engagé.

C'est surtout sur les côtes que les stigmates sont les plus évidents, avec des dizaines de bateaux coulés, culbutés par les vagues dans les ports ou drossés contre les rochers, notamment à Cargèse ou le long de la route des Sanguinaires depuis Ajaccio.

Le passage d'Adrian a aussi laissé de nombreuses traces dans la cité Impériale elle-même. Xavier D'Orazio, pêcheur ajaccien, essuie pudiquement quelques larmes face au bateau de l'un de ses amis dont la coque a été arrachée : « Nous, on ne peut pas compter sur les assurances. Nos bateaux sont vieux, ils ont vingt ou trente ans, les assurer nous coûte trop cher. C'est donc foutu pour lui », déplore-t-il auprès de l'AFP.

Les dommages sont nombreux également du côté des restaurateurs installés en bord de mer, et notamment le long de la route des Sanguinaires. Daniel Mezzacqui, propriétaire avec ses fils du restaurant L'Altru Versu, une table renommée d'Ajaccio, « commence à être découragé » : « C'est la quatrième fois en neuf ans que l'on perd tout. Hormis un incendie, à chaque fois c'est à cause des intempéries, on ne sait plus quoi faire », dit-il à l'AFP.

Ses voisins, les restaurants Côté Plage, le Week-end ou encore Les Girelles, espèrent surtout la reconnaissance d'état de catastrophe naturelle.

La préfète de Corse, Josiane Chevalier, a précisé que ce n'était pas « nécessaire ». « Pour la prise en compte des dégâts par les assurances, [...] les dommages causés par les vents violents supérieurs à 100 km/h [sont automatiquement] couverts par les contrats au titre de la garantie "tempêtes, neige et grêle" ». Mais l'information ne satisfait pas les intéressés qui craignent que le plafond d'indemnisation ne soit plus bas.  

Durant la nuit, jusqu'à 25 000 foyers ont été privés d'électricité au plus fort de la tempête et 120 techniciens étaient déployés mardi pour rétablir le courant sur l'ensemble de l'île. À 15 h mardi, ils étaient encore 7000 concernés par ces coupures.  

« On a passé l'après-midi de lundi et la nuit calfeutrés dans la maison à Sainte-Lucie de Tallano avec des coupures d'électricité et sans réseau téléphonique », raconte à l'AFP une touriste en vacances avec sa famille dans l'Alta-Rocca, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Propriano. « Des habitants nous ont conseillés de ne surtout pas sortir car les tempêtes ici sont souvent dévastatrices et les maisons anciennes avec des risques de chutes de tuiles. Ils nous ont apporté des couvertures ! », ajoute-t-elle.

Lundi vers 23 h, l'alerte rouge aux vents violents a été levée sur la Corse. La Corse-du-Sud est restée en alerte orange pour les orages, pluies-inondations et vagues-submersion puis cette alerte a été levée à son tour mardi matin.