La chancelière Angela Merkel, qui représentait la stabilité dans une Europe perturbée par de nombreuses crises, a commencé à préparer le terrain pour son départ.

Mme Merkel a annoncé lundi son intention de quitter la présidence de son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), en décembre et de ne pas solliciter un cinquième mandat en tant que chancelière en 2021, signalant le début de la fin de son règne.

Celle que plusieurs surnommaient « la dirigeante du monde libre » a été aux commandes de l'Allemagne pendant plusieurs moments difficiles pour l'Europe, dont la crise de la dette, l'afflux des demandeurs d'asile en 2015, la décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne, et plus récemment les tensions commerciales avec les États-Unis.

Dans son annonce, Angela Merkel a expliqué qu'elle tentait ainsi de « contribuer à permettre au gouvernement de concentrer sa force et finalement de mieux gouverner ».

Mme Merkel, qui est âgée de 64 ans, dirige son parti depuis 2000 et est chancelière de l'Allemagne depuis 2005. Elle est à la tête d'une « grande coalition », qui rassemble les plus grands partis du pays : la CDU, l'Union chrétienne-sociale en Bavière, ainsi que les sociaux-démocrates.

Elle a annoncé sa décision au lendemain d'une cuisante défaite de son parti et du Parti social-démocrate dans l'État de Hesse, tandis que le Parti vert et l'Alternative pour l'Allemagne (une formation d'extrême droite) ont progressé. Le Parti social-démocrate et l'Union chrétienne-sociale avaient également été malmenés lors des élections en Bavière il y a deux semaines.

Inquiétudes pour l'avenir

L'annonce de Mme Merkel survient alors que plusieurs s'inquiètent de la montée des partis nationalistes d'extrême droite en Europe, notamment en Allemagne.

Le résultat de dimanche à Hesse signifie que le parti Alternative pour l'Allemagne détient désormais des sièges dans chaque législature régionale et au Parlement fédéral.

De nombreux Européens se sont également tournés vers Mme Merkel lorsque le président américain Donald Trump a remis en question les liens traditionnels des États-Unis avec l'Europe, avec ses annonces de tarifs douaniers et ses critiques répétées à l'égard du continent.

La chancelière marchait sur une corde raide, critiquant certaines des décisions de M. Trump, tout en soulignant qu'une bonne relation avec Washington était « centrale » pour son gouvernement.

Pour le moment, il est encore trop tôt pour dire si elle sera capable de gouverner efficacement en tant que chancelière jusqu'à la fin de son mandat, ou si cela renforcera sa coalition, a indiqué Thorsten Faas, professeur de sciences politiques à l'Université libre de Berlin.

« La pression était si forte qu'il n'y avait plus d'autre solution », a-t-il déclaré. « Il sera intéressant de voir ce qui se passe maintenant, car cela amène une dynamique dont l'issue est imprévisible aujourd'hui. »

Pour sa part, Mme Merkel a affirmé qu'elle voyait « beaucoup plus de possibilités que de risques pour le pays, le gouvernement allemand et aussi le parti ».

Elle a ajouté qu'elle espérait ouvrir la voie à « un nouveau succès pour la CDU ».